Un fanatique religieux est le nouveau maire de Lima


PAR PIERRE ROTTET

Rafael Lopez Aliaga, qui passe pour le « Bolsonaro péruvien », a été élu dimanche maire de Lima, la métropole péruvienne de quelque 10,5 millions d’habitants. L’entrepreneur d’extrême-droite est pourtant sous le coup de plusieurs enquêtes dans le cadre des « Panama Papers » ; commerce frauduleux, notamment aux dépens de la municipalité de Lima, la même qu’il présidera dès janvier prochain.

Stupéfaction à Lima. Et incompréhension pour le journaliste à la retraite Reynaldo Muñoz, observateur de la vie politique au Pérou. « Aliaga ? Un homme sous le coup d’enquêtes, qui traîne non seulement de multiples casseroles, mais encore une dette de plusieurs millions de soles – millions de dollars –  vis-à-vis de l’Etat, avec des impôts impayés depuis des années. Et en toute liberté! Un individu suffisamment puissant dans ce pays corrompu pour prétendre à une fonction publique ! ».

Membre de l’Opus Dei, Aliaga, 61 ans, a été élu par le plus petit score jamais atteint ces 40 dernières années dans une élection à Lima, avec 26% des voix, devant le candidat de « Podemos Pèru », un parti de la droite libérale, Daniel Urresti, ancien ministre et général à la retraite, qui recueille 25% des suffrages.

«Une catastrophe pour Lima, que l’élection de ce personnage, arrivé en troisième position lors des présidentielle de 2021, derrière Keiko Fujimori mais surtout le président actuel, Pedro Castillo, estime le journaliste. «Un homme, dit-il, qui ne cache pas un racisme avéré ni sa misogynie, encore apparue durant la campagne électorale avec ses insultes adressées à des femmes journalistes, ‘coupables’ de lui poser des questions embarrassantes». 

Aliaga, avait trouvé un appui politique en la personne de Bolsonaro en 2021. Il est connu pour son fanatisme religieux, au point de rendre publique sa pratique de l’autoflagellation, comme le préconise l’Opus Dei. Homophobe notoire, son discours politique revendique le droit d’être un opposant aux droits de l’homme. Aliaga combat en outre ouvertement l’égalité des genres ainsi que le droit à l’avortement – défendu au Pérou – , y compris en cas de viol d’enfant.

Le nouveau maire de Lima, qui prendra ses fonctions le 1er janvier prochain, est de plus connu pour tenir des discours violents. Lors d’un meeting, il avait réclamé à grands cris la mort du président Castillo. Impunément ! Depuis, il s’acharne à promouvoir sa destitution avec ce que le Pérou compte de groupes puissants de droite et d’extrême droite, qui ont fait de la corruption une arme redoutable gangrenant aujourd’hui l’ensemble de l’appareil politique et judiciaire du pays. 

Aliaga a notamment construit sa fortune grâce au monopole – octroyé par le dictateur Fujimori – de la gestion du très lucratif train touristique qui mène de Cusco à Aguas Calientes, ville située au pied du Machu Picchu. Monopole jamais remis en question par les pouvoirs politiques péruviens.

L’homme de l’Opus Dei a été élu grâce à une campagne millionnaire et un impressionnant appareil de propagande, confie le journaliste limeño. «Nous sommes tombés dans un puits sans fond. Le plus grave, c’est qu’avec cette élection à la tête de la métropole, Aliaga se profile comme le candidat futur à la présidence du pays. Une catastrophe supplémentaire !»

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