Les drames occultés de l’immigration massive


PAR YANN LE HOUELLEUR, à Paris

Les ONG n’auraient-elles pas tendance, pour susciter des vagues dans l’opinion publique, à nous mener en bateau? Quand il s’agit d’obtenir des fonds pour (prétendre) changer le monde, tout semble bon. Moyennant de solides connaissances dans le marketing et des connivences avec le pouvoir politique, ces ONG devenues puissantes s’aventurent parfois en eaux troubles et finissent par faire oublier que l’argent mis à leur disposition, c’est en définitive autant de ressources en moins pour l’Etat. En effet, en France comme dans maints autres pays, il existe un dispositif de déduction d’impôts qui incite les contribuables à octroyer des sommes, petites ou grandes, à des associations, ONG et fondations.

Dernière « affaire dans l’affaire » en date : ployant sous le fardeau d’une dette colossale, la Ville de Paris a accordé une subvention de 100.000 euros à SOS Méditerranée. Cette ONG a fait couler beaucoup d’encre : c’est elle qui a mis le gouvernement français devant le fait accompli en l’incitant à permettre à l’Ocean Viking, avec 230 migrants à bord, de jeter l’encre dans la rade de Toulon. Une « affaire » catastrophique pour l’image de la France. Rappelons qu’une coalition de droite a remporté les législatives en Italie, ce qui a fait accéder la vaillante et inflexible Giorgia Meloni à la présidence du conseil des ministres. Parmi les mesures prioritaires de Meloni : réduire drastiquement la déferlante de l’immigration à laquelle l’Italie, plus que tout autre Etat européen a si longuement prêté le flanc. L’Ocean Viking, qui devait accoster en Italie, a donc terminé son périple en France, et le gouvernement d’Emmanuel Macron était d’autant plus disposé à démontrer une telle hospitalité qu’il pouvait rendre la monnaie de sa pièce à Giorgia Meloni qui n’a pas ménagé ses critiques à l’encontre de la politique migratoire de l’Europe et des relations de la France avec l’Afrique.

LE JUTEUX BUSINESS DES PASSEURS – L’Europe, et pas seulement elle (des Etats comme la Turquie, le Liban, la Tunisie, etc., sont concernés) se voit amenée à accueillir des inconnus qui fuient la misère, la famine, les conséquences du réchauffement climatique, guerres et régimes autoritaires devenus des fléaux à grande échelle affectant de si nombreux pays en Asie et en Afrique.

Un juteux business : ces migrants, parmi lesquels des candidats au droit d’asile, dépensent des fortunes pour se retrouver entre les mains de passeurs censés leur ouvrir les portes, entre autres, d’une France réputée prospère, généreuse, donnant sa chance à chacun, arrosant d’allocations sa population et les nouveaux venus. Mais ces passeurs et ONG sont d’autant plus coupables que l’Europe est promise à un avenir incertain et que des pans entiers de pays tels que la France se désagrègent à cause de la désindustrialisation, de la dérégulation féroce des marchés et de tensions d’ordre culturel et religieux. Selon le Secours catholique, qui a scanné six pays, un Européens sur quatre, désormais, se déclare en proie à la précarité. La France, à maints égards, se mue en un pays du tiers-monde : logements sociaux dégradés, chômage grandissant (malgré des statistiques gouvernementales fallacieuses), explosion des petits jobs, infrastructures en lambeaux, affaiblissement des grands corps de l’Etat, faillites des institutions, hôpitaux fermant leurs portes, policiers et aides soignants réduits à l’impuissance, explosion des délits et scènes de violences urbaines, etc.


Pas étonnant, dans ces conditions, qu’une partie non négligeable de migrants, qui espéraient refaire leur vie dans un pays de cocagne, se retrouvent tout simplement… à la rue. D’autres, plus chanceux, sont amenés à travailler dans des métiers « en tension » (le BTP, la restauration, entre autres, la grande distribution) ou à gagner leur vie à la sueur de leur front en devenant livreurs notamment, payés au lance-pierre par les filiales de multinationales tirant parti de la digitalisation de l’économie. D’autres encore vendent des bouquets de fleurs sitôt la nuit tombée dans les quartiers fréquentés par les touristes ou proposent aux « bobos » et touristes des canettes de bière le long des quais de Seine pendant la belle saison. Et puis, il y a ceux qui pour toutes sortes de raisons se retrouvent en marge de la société, condamnés à dormir à « la belle étoile » ou sous les ponts, les bretelles d’autoroute, les marquises des grands magasins, les portiques des églises, etc.

ANTOINE, UNE VIE PEU ROYALE – C’est le cas d’Antoine, dont l’auteur de cet article a fait la connaissance alors qu’il crayonnait assis sur un trottoir, le long de la prestigieuse avenue de l’Opéra. J’ai relaté cette rencontre dans le journal numérique « Franc-Parler » dont je m’occupe.

Les quelques lignes qui suivent ne sont pas une prise de position : un témoignage. Le froid était acéré ce jour-là. Je « croquais » un bel immeuble haussmannien, avenue de l’Opéra. Un homme se pencha vers moi : « C’est beau !». Venu d’Afghanistan il y a déjà longtemps, Antoine (son nom francisé) dit s’être converti au catholicisme. Où habite-t-il ? « Je suis SDF. La nuit, je dors au Palais Royal après être allé au resto du cœur ». Pas d’avenir, ou si peu, pour Antoine. « Quand je suis arrivé en France, j’ai travaillé dans des chantiers, de manière non déclarée. Mais c’est trop dur ; j’ai fini par craquer, avec des douleurs partout, et maintenant je suis cassé. Je ne peux plus travailler. Des gens comme moi, on s’en sert puis on les jette… » Il ne m’a rien demandé : heureusement qu’il me restait cinq euros en poche. Un café au comptoir du Royal Opéra, c’est un luxe pour Antoine. Comment dormir paisiblement, « chez soi » en banlieue, lorsqu’on songe à tant de souffrances dans les rues ? Alors, SVP, n’utilisons pas les immigrés comme monnaie d’échange, variables d’ajustement des politiques humanitaire ou pour des campagnes médiatiques orchestrées par les instances gouvernementales… A bientôt peut-être, Antoine…


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Un commentaire à “Les drames occultés de l’immigration massive”

  1. Emilio Picco 21 novembre 2022 at 08:28 #

    Opinion limpide et humaine au sujet d’une problématique sensible, trop souvent instrumentalisée. Merci.

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