Le wokisme, c’est tout d’abord le retour d’un mouvement inquiétant fait de bribes des idéologies mortifères du 20e siècle. Mixé dans une nouvelle phraséologie amplifiée par les universités américaines, le wokisme s’inscrit dans une régression sociale et une annihilation de la pensée rationnelle. Comme le faisait très bien le communisme avant lui, c’est l’art de déformer et réduire des concepts à un discours binaire. En plagiant une logorrhée héritée de différentes sciences, « intersectionnalité » des sciences politiques, « déconstructivisme » de l’architecture, « inclusivité » de la sociologie, alors que « sororité » vient du féminisme des années 70 et « adelphité » a été apparemment façonné dans un bistrot parisien (je me méfie des idées qui sortent des effluves de la bière). Ces notions quelque peu absconses, collées à une idéologie qui n’a rien à voir avec leur signifiant d’origine, ont créé un pseudo-écosystème intellectuel qui, altéré volontairement dans ses prémices, développe un argumentaire absurde réussissant à dire le contraire de ce qu’il signifie.
Aux États-Unis, le wokisme est une histoire ancienne devenue doctrine ces dix dernières années. Après avoir passé par les filtres des universités, il s’insinue dans des discours souvent haineux. En Europe, l’objectif est de trouver la justification d’une mutation de la population en prenant en otage les revendications souvent justifiées des minorités. Ce qui est terrifiant, c’est que ces « idées » rampent parmi les jeunes encore fragiles – à la recherche de l’absolu – réceptifs à la démagogie des discours de personnes qui s’octroient la possibilité de penser pour les autres.
La cancel culture, la bien nommée, c’est le retour à l’âge de l’analphabétisme, la destruction de la connaissance et des sciences. Ceux qui n’ont aucune culture rejettent celle des autres. Comme pour le fascisme et son avatar le nazisme, on brûle les livres, détruit les statues, change les noms de places, des rues (photo PHH), repeint Victor Hugo en noir. Incapable de valoriser sa propre culture, on veut détruire celle des autres, changer l’histoire et ramener le monde à son niveau.
C’est le besoin de rendre rationnel l’irrationnel et réduire le discours à un niveau binaire. C’est construire un concept sur un mensonge de telle manière que tout raisonnement inverse les valeurs. C’est « je sais tout et ce que je ne sais pas n’existe pas ». C’est justifier un raisonnement binaire parce qu’on est incapable d’appréhender un monde complexe. C’est ridicule, mais cela ne fait pas rire, car il s’est infiltré dans les écoles, les universités, la politique et même les sociétés privées. Le wokisme, comme toute démagogie, s’impose avec des questions que personne n’a posées. Les réponses artificielles construisent une toile glaçante composée de racisme (et non pas de racialisme) et d’antisémitisme pour mieux faire taire les démocraties. Contre la biologie, contre le rationnel, contre l’histoire, le wokisme est un concept d’exclusion.
Je me demande ce que penserait Boris Vian, grand adepte de jazz, auteur de « J’irai cracher sur vos tombes », des absurdités de cette nouvelle / ancienne doctrine?
HaAkrav, Lausanne
C’est tellement plaisant de lire noir sur blanc ce que beaucoup comprennent mais préfèrent continuer à taire, parce qu’aujourd’hui comme hier, “ce qui ne me menace pas directement ne me concerne pas” et laisse une fois encore l’histoire se répéter, au nom de la démocratie, en permettant à une minorité de manipulateurs de prendre le contrôle de populations entières qui ne savent plus que vivre par procuration et imitation via Instagram et TikTok. Le monde redeviendrait-il Toké?