Chronique de Lima – Partis des hauts plateaux, il marchent sur la capitale


PAR PIERRE ROTTET, Lima

Le Pérou est de plus en plus isolé sur la scène politique internationale, en particulier en Amérique latine, du fait des multiples dénonciations pour violation des droits humains portées à la connaissance de la Cour pénale internationale. L’ONU s’inquiète aujourd’hui à son tour. Elle sollicite un rapport «détaillé sur l’usage excessif de la force et les détentions arbitraires».

A la détérioration de l’image du Pérou, s’ajoute désormais le risque qu’encourt le pays de voir sa démocratie sacrifiée sur l’autel des seuls intérêts politiques d’une droite de plus en plus oppressante, en l’absence de réaction des citoyens, hormis les peuples indigènes qui manifestent depuis le 7 décembre dernier.

Le Tribunal constitutionnel vient en effet de statuer en faveur du congrès, pourtant honni des Péruviens à plus de 90%, qui agira désormais en électron libre, loin «de tout contrôle judiciaire». «La démocratie est en danger», a réagi le quotidien «La Republica» dont les journalistes semblent écrire dans le désert.

La présidente Boluarte continue à faire parler d’elle après la rupture des relations diplomatiques avec le Mexique. Son président, Lopez Obrador, avait eu « l’outrecuidance » de la critiquer dans sa gestion de la crise. Une action similaire avait déjà été entreprise à l’encontre de la Bolivie voisine, elle aussi accusée d’ingérence. Que fera la présidente aujourd’hui, alors que les Etats-Unis, par la voix du sous-secrétaire du Département d’Etat pour l’Amérique latine, Brian Nichols, demandent à leur tour d’avancer les élections?

Óscar Vidarte, professeur de droit international dans plusieurs universités du Pérou, ne s’y trompe pas: «la relation que le Pérou entretient avec beaucoup de pays se trouve affectée à bien des niveaux».

Sur le terrain, des dizaines de bus partis de Puno arrivent ces jours à Lima pour, affirment les «marcheurs», «prendre Lima». Le secteur des transports menace de paralyser le pays et des actions en justice sont entreprises contre le président du conseil des ministres, Alberto Otarola, bras de la droite qui dicte « la ligne pure et dure » à la présidente Boluarte qui n’est plus soutenue que par 15% de la population. Bien loin des 26% qui appuyaient encore la politique du désormais ex-président Castillo. Un Castillo contre qui la procureure générale a demandé le 28 février 36 mois de prison préventive pour «conduite d’une organisation criminelle». Cela sans preuve aucune. Alors que dans le même temps Keiko Fujimori était reçue il y a dix jours au palais présidentiel en dépit de toutes les casseroles que l’ex-candidate «malheureuse» à la présidence traîne dans son sillage.

Juliaca, ville voisine de Puno sur l’altiplano, enterre ses morts. Photo Elvira.

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