PAR CHRISTIAN CAMPICHE
Un quadruple homicide suivi d’un suicide. Un drame familial qui se serait produit à huis clos. Telle est l’hypothèse privilégiée par la procureure en charge de l’instruction pénale après la découverte de cinq corps dans les débris calcinés d’une coquette habitation au centre d’Yverdon.
Le ministère public communique peu et l’information est diffusée selon les us helvétiques: pas de noms, même pas des initiales. En France ou en Italie, les médias les étaleraient à la une, tartinant pendant des jours sur le drame. L’identité des disparus est pourtant sur toutes les lèvres à Yverdon. Il s’agit de Jérôme et Coralie Colliard et de leurs trois filles.
L’autorité de poursuite pénale a tôt fait de décourager toute velléité d’enquête journalistique en déterminant d’emblée que la raison du drame était en substance probablement la vengeance. Le couple vivait séparé, le père n’habitait plus la maison. Mais qui était vraiment Jérôme Colliard?
Sur son profil linkedIn, le réseau où il compte 1587 abonnés, ce graphiste quadragénaire se présente en « entrepreneur dynamique, développant un nouveau concept d’exploration minière dans la recherche de métaux. Nous exploitons plusieurs mines en Afrique australe ». Il se définit également « collectionneur, philanthrope et investisseur dans les nouvelles technologies comme le mining de la crypto-monnaie ».
Il a également repris dans les années 2000 la maison Colliard Publicité Sàrl créée en 1979 par son père à Attalens. Radiée du Registre du commerce en 2020, l’enseigne s’occupait de location de matériel événementiel, tels que des châteaux gonflables. De fait, de l’hélium aurait pu être stocké à la cave du chemin des Valentins 92, ont déclaré des voisins aux journaux locaux, certains y trouvant une explication aux multiples déflagrations qui ont suivi les décès. La police scientifique aurait déterminé de son côté que du produit inflammable avait été soigneusement répandu à l’intérieur de la maison.
Jérôme Colliard était-il aussi l’administrateur de la société AMCC Invest SA, domiciliée dans un paradis fiscal? Apparemment il n’existe plus de trace de cette activité, en tout cas sur les moteurs de recherche. Une source fiable l’assure pourtant à infoméduse: « M. Colliard a fait fortune dans le commerce avec des oligarques russes. Il avait acquis des mines d’or et autres minerais en Afrique. Après la guerre d’Ukraine, il a déclaré qu’il voulait dorénavant orienter son commerce vers les pays arabes. »
infoméduse est également en mesure de révéler qu’en février 2022, le couple Colliard était sur le point d’acheter une demeure historique dans la vieille ville d’Yverdon. La transaction portant sur 3,4 millions de francs, un acompte de 350.000 francs avait été versé sur le compte du notaire. Mais le rendez-vous avec ce dernier a été annulé en raison de la guerre d’Ukraine. «L’acheteur a expliqué que ses fonds avaient été bloqués et qu’il subissait le contrecoup des sanctions contre les oligarques russes prises par l’Europe, auxquelles s’est jointe la Suisse. Ces raisons le privaient des moyens d’acquérir la demeure. »
La thèse du crime motivé par la vengeance ne convainc pas notre source. « On pourrait aussi se dire que vu ses activités professionnelles et ses relations russes, le père savait qu’il mettait sa famille en danger. Habiter un domicile séparé mettait le reste de sa famille à l’abri. Cette famille allait bien et avait encore suffisamment de biens pour vivre sans soucis. Difficile d’envisager une telle descente aux enfers en si peu de temps ».
Bonjour!
C’est intéressant votre article. Il y avait des activités dans la finance de l’autre côté de la Suisse. Une exécution par celle dont on ne dit pas le nom pourrait être plausible. Ils ont peut-être été piégés par l’appât du gain et joué à des jeux dangereux avec une pieuvre dans des eaux troubles.