PAR CHRISTIAN CAMPICHE
Pas moins de sept journalistes signent ensemble dans les titres de l’éditeur zurichois TX Group un papier sur les derniers jours de l’enseigne Credit Suisse. On pourrait croire à un grand exploit du journalisme d’investigation. L’embêtant c’est que le Financial Times a pris les devants. Grâce d’abord au quotidien des affaires britannique, on sait que la crise n’a pas été improvisée, cela fait des mois que le Conseil fédéral préparait son dénouement. On compte aussi sur le FT pour révéler la suite du feuilleton, attendue avec impatience. Car si la réputation de Credit Suisse souffre depuis longtemps de l’accumulation de dossiers pourris, pour l’heure, en effet, le lecteur n’est toujours pas vraiment informé sur les raisons véritables qui ont motivé son brutal effondrement.
L’absence de réponse est particulièrement frustrante dans la mesure où l’on a affaire à une faillite déguisée, la plus importante jamais observée en Suisse, une opération qui ressemble davantage à un blanchissage qu’à un sauvetage. De 50 milliards promis par la BNS au départ, on est passé à 209 milliards puis à 259 milliards. La ministre des Finances a beau répéter qu’il s’agit dans un premier temps de garanties de liquidités, et non de prélèvements dans la caisse à proprement parler, on mesure à ces chiffres le gouffre moral abyssal qui sépare deux époques. A l’aune des années 70, deux milliards – la somme engloutie pour sauver le Crédit Suisse dans l’affaire Texon – relevaient du fantasme cauchemardesque, un plafond au-delà duquel on avait le sentiment de basculer dans le vide intersidéral. Aujourd’hui, une somme plus de cent fois supérieure ne déchaîne pas d’émeutes dans la rue, à croire que l’argent est devenu virtuel.
On se demande surtout comment les responsables de ce fiasco ahurissant parviennent à passer entre les gouttes de la justice. Le Conseil fédéral ne se prononce pas à ce sujet et pense certainement qu’il calmera le bon peuple en proposant de priver ces dirigeants de bonus exorbitants. On éclaterait de rire si un certain doute ne s’instillait pas malgré tout dans les esprits. La « magnanimité » gouvernementale pourrait-elle dériver de considérations d’ordre géopolitique? L’hypothèse n’est pas absurde. Les Russes comptaient parmi les meilleurs clients de Credit Suisse et la débâcle intervient comme par hasard dans l’année qui suit le déclenchement de la guerre en Ukraine et l’annonce des sanctions occidentales contre Moscou.
L’histoire se répète: l’argent public engagé dans le scandale impose une remarque qui ramène à l’époque du crash Swissair. La moindre des choses ne serait-elle pas que la Confédération revendique un siège au conseil d’administration du repreneur UBS? Berne appréhende peut-être une situation où son représentant se prendrait de bec avec des administrateurs américains, français ou singapouriens, autant de personnes qui symbolisent la réalité du pouvoir au sein de la grande banque sur laquelle tous les yeux sont rivés, désormais. UBS a-t-elle vraiment réalisé l’affaire du siècle en éliminant à bon compte un important concurrent? Pour certains commentateurs, cela ne fait pas de doute. La réalité n’est probablement pas si simple étant donné que la banque UBS n’a pas choisi sa proie en toute indépendance. Le menu lui ayant été imposé, c’est même plutôt un lourd boulet qu’elle traîne aux pieds.
Je ne comprend pas comment un scandale pareil peux rester impuni !
On croit rêver.
Quand trouvera-t-on quelqu’un de courageux et intègre pour mettre enfin de l’ordre
dans ce boxon?
Quand on pense comme on est frileux pour aider les retraités, les petites et moyennes entreprises!
Et là on débloque 259 milliards sans aucune garantie. On n’ose pas imaginer le Pire!!!
Il y a vraiment de quoi être inquiet !