Blues du lundi ou Bonheur du vendredi… et plus encore !


PAR MARTIN DE WAZIERS

J’suis pas heureux mais j’en ai l’air, j’ai perdu le sens de l’humour, depuis qu’j’ai le sens des affaires, le blues du businessman dans Starmania donne le ton ! Les trente piteuses, qui ont suivi les trente glorieuses d’après-guerre, ont joué les prolongations. Ah oui, on a cumulé sa richesse pour les plus fortunés et sa détresse pour bon nombre de détroussés : inégalités à gogo, difficulté à joindre les deux-bouts, si ce n’est tirer le diable par la queue, quel destin !

Mais alors, si les plus riches n’arrivent pas à être heureux comme le businessman qui voulait être un artiste, où trouve-t-on le bonheur dans ce monde de brutes et de permacrise ? Si l’on parle facilement de permaculture, on a ajouté un terme évident au dictionnaire. Géopolitique, comme on le vit, économique, comme cela revient, ou sociale, en témoignent les grèves qui se succèdent, la crise est là pour demeurer et nous hanter et, cependant, l’espoir fait vivre !


Oui, le bonheur existe, c’est l’art de se sentir bien dans un groupe ou les autres ressentent la même chose, tout en faisant des envieux de l’extérieur : tribu, équipe, bande d’amis, cercle associatif, foule du stade… C’est pourquoi certains pays ont commencé à adopter ce critère pour faire fi du PNB et se concentrer sur un BNB, Bonheur National Brut, comme le Bhoutan. D’autres, comme la France de Sarkozy, ont essayé l’IDH, Indice de Développement Humain.

Le bon ‘heur’, c’est la bonne fortune, au petit bonheur la chance… Né sous une bonne étoile ou gâté par la Providence, tous n’ont pas cette chance et cela reste une aspiration collective, but ultime de la vie, selon Aristote. Cependant, il insiste bien sur l’effort à fournir, l’expérience à acquérir, la vertu à déployer pour mériter ce bonheur. Ceci veut dire qu’il nous faut trouver l’équilibre entre le manque et l’excès : faire pour avoir ce qu’il faut mais point trop pour ‘être’ !

L’équilibre se retrouve aussi dans l’état d’esprit et l’on peut rester de mauvaise humeur, avoir une cyclothymie prononcée, des cycles de vie compliqués et un environnement changeant qui viennent le bousculer. Tout ceci est conditionné par la personne que l’on est à la base, le cadre familial et éducatif où l’on a grandi et la culture d’ensemble à laquelle on est exposé, tout au long de l’année… Le râle français est-il terreau fertile pour un bonheur en continu ?

Bien-être physique, bonheur psychologique, béatitude spirituelle, tout s’entretient et n’est pas acquis ad vitam aeternam. Mais maintenir cet alignement du corps, de l’âme et de l’esprit est aussi une assurance que l’on a mis la chance de son côté, ce bon ‘heur’ qui porte ‘bonheur’. Arrêtons donc de subir, sachons passer outre la tristesse d’antan pour s’inscrire dans une satisfaction du présent afin de pouvoir se concentrer sur l’émerveillement d’un futur à venir !

On ne peut tout éviter mais on peut esquiver ; Mandela disait qu’il n’avait jamais perdu : ou il avait gagné ou il avait appris… quelle sagesse ! Prendre l’expérience comme elle vient et apprendre de ses erreurs. Le philosophe Alain affirmait que le pessimisme était d’humeur et que l’optimisme était de volonté : il faut donc y mettre du sien ou du chien, comme l’on veut. Viktor Frankl, résilient par excellence, dit : vis, prends soin de toi et le bonheur t’embrassera.


On peut suivre des cours sur le bonheur ; ils existent désormais, suite à l’exemple notoire de l’Université US de Yale et Madame Santos que je salue ici pour son initiative ! On peut aussi lire nombre articles ou livres sur l’happycratie, un terme apparu plus récemment. Libre, on se doit de tout faire pour découvrir ce bonheur mais l’assistanat à outrance nous enferme dans un leurre fait de subventions monétaires et autres qui nous empêchent d’en faire la quête !

En tous cas, l’étude d’Harvard, qui dure depuis un siècle, où l’on a comparé familles pauvres et aisées, de génération en génération, l’a démontré : le composant principal du bonheur est la relation humaine à tout âge. Alors, restez ouvert à l’autre, chez vous, dans la rue, souriez et rejoignez des groupes divers qui vous apporteront cette composante fondamentale. Oui, l’on peut créer son bonheur en sachant que l’Homme est un animal social, disait Aristote !

©Martin de Waziers

Locarno, Parco delle Camelie. Photo ©2023 AKO

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