Tribune libre – Pour une réforme urgente et sans complaisance du système de l’assurance-maladie


Comme nous l’avions pressenti avec justesse, nous assistons à une manipulation évidente par les  assurances-maladie des véritables chiffres prévisionnels du coût réel de la santé en Suisse.

Durant l’été 2022 déjà, dans ces colonnes, nous avions annoncé la supercherie que représente une première tentative de hausse de 7 à 9 % des primes, jugulée à une augmentation de 5,6 % pour 2023, conditionnée à l’aval du pouvoir politique. Nous nous sommes offusqués de la stratégie habituelle des assureurs-maladie de parvenir à une hausse arbitraire sans justificatif de coût réel officiel par l’Office fédéral de la santé. Pourquoi s’en priver, d’ailleurs, puisque depuis des années le système bien rôdé fonctionne à merveille sans aucune réticence de nos autorités de surveillance?

Comme par hasard, les coûts de la santé en 2022 n’auraient augmenté officiellement que de 2,6%. Il paraît évident que les assurances-maladie bénéficient de passe-droits favorables, aboutissant à un libre arbitre tarifaire sur l’assurance de base pourtant subventionnée par l’aide sociale des cantons. Il serait temps de réformer le système de contrôle des assurances-maladie, dont l’opacité des comptes empêche la véracité des chiffres, et au minimum attendre la publication annuelle des coûts réels de la santé avant d’officialiser les nouvelles primes de l’assurance obligatoire pour l’année suivante.

Pourquoi Santé Suisse ne demande pas un tableau récapitulatif des primes des 10 dernières années comparées avec les hausses exactes des coûts réels de la santé? En outre, même si l’assurance-maladie accuse un déficit officiel de 1,5 milliard en 2022, les réserves des assurés détenues par les assurances-maladie d’environ 10 milliards auraient suffi largement à couvrir les 2,6 % de majoration. Même si les réserves éventuelles ont pu diminuer de 30 % à cause de la situation boursière difficile en 2022, pourquoi continuer à risquer des placements boursiers hasardeux avec le capital des réserves au lieu d’investir dans des établissements hospitaliers?

Pour éviter de telles pertes boursières par manque de discernement et de réglementation au détriment des assurés, il faudrait bien entendu réformer le système actuel sans complaisance. 

Lionel de Pontbriand, Servion  

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