Pérou, une ONG dénonce des assassinats


PAR PIERRE ROTTET

Déjà décrédibilisées, les instances politiques et judiciaires du Pérou, gouvernement, présidente, congrès, forces de l’ordre et justice en vrac, n’en finissent pas de traîner les casseroles.

Et comme si cela ne suffisait pas, le ciel vient encore de leur tomber dessus, avec la découverte de deux nouvelles dépouilles exhumées de fosses communes. Comme une piqûre pour rappeler les horreurs d’un passé récent. Qui rattrape le Pérou d’aujourd’hui, avec le rapport final de Human Rights Watch. L’ONG détaille en effet « les assassinats commis par des forces de l’ordre, militaires et policiers confondus », depuis le début de la révolte indigène, en décembre dernier.

«Il y a bien eu violation du droit international ! Le Ministère public, le Congrès et le gouvernement de Dina Boluarte s’en désintéressent pourtant, avec une volonté affichée de tourner la page de cette violente répression». Sans enquêter ! Pourtant, indique le rapport de l’ONG, «34 personnes parmi les innombrables victimes, ont été intentionnellement tuées par des balles tirées par des militaires et des policiers, cela dans la partie supérieure du corps ».

Human Rights Watch pointe du doigt le Ministère public qui traîne volontairement les pieds, « face à la gravité des faits ». Des faits ahurissants, qui sont ni plus ni moins que des assassinats. Impunis à ce jour. Et qui le demeureront sans doute. Comme tout ce qui touche aux exactions de l’armée au Pérou, des forces répressives, hier et aujourd’hui. Selon l’ONG, « 15 personnes assassinées par les forces de l’ordre étaient des passants qui ne participaient aucunement aux manifestations. Sur ces 15 victimes, 3 étaient des observateurs et 3 autres se trouvaient sur les lieux, tuées en portant assistance à des blessés ».

Parmi les 34 victimes par balles des forces dites de l’ordre, l’ONG recense 11 cas de personnes atteintes de balles tirées directement à la tête, 9 autres avec des impacts de projectiles tirés… dans le dos d’innocents citoyens.

En dépit de la cruauté des faits rapportés, le document de Human Rights Watch n’a bien entendu guère fait l’objet de publications des médias péruviens, hormis « La Republica ». Pas davantage, du reste, qu’il n’a été rapporté par les médias suisses, entre autres. Le Pérou n’est pas l’Ukraine pour nos médias. Bien trop occupés qu’ils sont à écrire sur des thèmes qui font consensus dans l’élaboration d’une pensée unique.

Pourtant, les atrocités dont sont responsables militaires et policiers péruviens contre la population indigène péruvienne sont bien réelles. Toujours selon l’ONG, « il est probable que ces morts constituent des exécutions extrajudiciaires, desquelles l’Etat est responsable ».

L’ONG écarte péremptoirement les élucubrations mensongères de la présidente Boluarte qui accuse les citoyens d’avoir utilisé des armes létales, relevant que la réponse policière et militaire a non seulement causé des morts mais aussi fait 125 civils blessés par balles en un peu plus de 4 mois.

Human Rights Watch demande enfin aux représentants du Ministère public de diligenter des enquêtes non seulement contre les policiers et les militaires qui se sont rendus coupables de tirs mortels, mais également contre leurs supérieurs. Contre les autorités civiles aussi.

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