Avez-vous essayé de soutirer un sourire à un Parisien, encore plus difficile, le faire rire ? Comme le disait, dans mon enfance, la publicité du quotidien du même nom “Le Parisien”, c’est mieux sur papier ! Rire ou sourire, un enfant devrait être l’exemple dans notre monde, car il le fait naturellement 400 fois par jour, en moyenne… tandis que les adultes, eux, ne le font que 20, et encore, mieux vaut être dans un bon jour, si l’on habite à la capitale, haha !
Aristote considérait l’eutrapélie, cette disposition à plaisanter, comme une vertu de référence car elle apportait enjouement et joie dans sa bonne tournure, son esprit de répartie, sa finesse de langage… Nous en sommes loin car rire est plutôt synonyme de ricanement, de moquerie ou, pire, de dénigrement. Or, le rire, c’est comme les essuie-glaces, ça n’arrête pas la pluie mais permet d’avancer. Le rire ou sourire est lié à la joie, une émotion principale.
On devrait l’utiliser partout car il n’y a pas de meilleure façon de gérer sa vie que de toucher l’autre avec amour, en y associant un sourire. N’avons-nous pas tous en tête la vision d’une tablée familiale en liesse? Rire en famille, c’est mettre une belle cerise sur le gâteau de la vie, nous dit Christine Jammes. Avec tous les avantages subsidiaires : manger doucement, apprécier la nourriture, participer et ne pas se laisser distraire par la n-ième notification…
Du matin au soir, il nous faudrait le pratiquer ! Rire ensemble crée un pont entre les êtres et dévoile une unité qui dépasse les différences, nous confie Philippe Pozzo di Borgo, le héros des Intouchables. Y-a-t-il meilleur qu’exemple que lui pour savoir que toute épreuve peut aussi être soulagée par le sourire de sa famille, d’un contact, ou le rire d’Alexandre Jollien qui lui rend visite ? La routine de la vie amoureuse a aussi besoin de tous ces condiments.
Plus simple qu’une moue, rire ou sourire n’emploie que 15 muscles faciaux alors que la première nous en demande 40… Pourquoi tant d’efforts à montrer de la tristesse quand c’est plus simple de laisser éclater sa joie ? Je te tiens, tu me tiens… est une variante d’un jeu du 17ème s., le pince-sans-rire qui a donné l’expression. Autre raison de sourire, donner un coup de main à la voisine, aider un aveugle à traverser la rue… même s’il ne le voit pas, il le sent !
Rire ou sourire émane du registre des composantes d’un bon état d’esprit : positif, optimiste, simple comme la méthode Coué, éveillé comme l’enfant qui apprend, ou en progrès dans la vie ! Comme l’amour de soi, il faut commencer par rire de soi, oser répondre par un sourire à un compliment… ou dénigrement, plus facile à dire qu’à faire si l’on ne veut pas rire jaune. Tout cela fait partie de ce que l’on appelle le langage du corps, plus parlant que les mots.
Erémitique ou cénobitique, vous l’avez compris, c’est impératif de rire ou sourire, c’est un plaisir. Il est vrai qu’en communauté, il s’amplifie car il est communicatif : n’avez-vous pas été coupable d’un fou rire, bien évidemment, dans un lieu de recueillement ? Je vous vois sourire, merci de vous adonner à mon jeu! Car, il s’agit aussi de soulager votre prochain en lui donnant ce regard tellement rassurant et chaleureux qu’il va se sentir beaucoup mieux…
Rien de pire qu’une tête d’enterrement, l’expression est là bien explicite car ne faudrait-il finalement pas se réjouir du départ de son proche qui, quelque soient nos croyances, a bien vécu ou est totalement soulagé. C’est un des conseils que je donnerai dans mon testament : continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble, comme le dit si justement le poème intitulé L’ AMOUR NE DISPARAÎT JAMAIS. Le rire peut nous trahir, il est partie du jeu de la vie…
Un des bons exercices de relaxation matinale est de sourire et grimacer devant le miroir : essayez et vous verrez qu’il vous met dans un bon état d’esprit avant de franchir la porte. Vous l’aurez compris, retrouvez votre enfant intérieur, ce petit rieur, sans contrainte aucune. La sérénité est l’art de tout supporter dans ce monde, en gardant le sourire et en restant bien dans sa peau… Merci à Antoine de Saint-Exupéry de nous avoir montré son Petit Prince !
©Martin de Waziers
