Hommage à Philippe Pozzo di Borgo, l’intouchable si touchant!


PAR MARTIN DE WAZIERS

14/2/51, la Saint Valentin, tu n’avais pas trouvé mieux que de venir sur la Terre le jour des amoureux, le même jour que ma sœur aînée, Christine ; ce qui vous rapprochait, c’était ce plaisir d’aimer, ouvert à tous. Tu étais famille, tu nous disais cousins mais je voyais en toi un frère de cœur, surtout depuis ce terrible accident du 23/6/93. Tu allais fêter ton handicap de 30 ans, mais, ce second souffle qui a fait le film ‘Les Intouchables’, tu l’as rendu le 1/6/23 !

A 42 ans, que l’on appelle parfois crise de mi-vie, la vie t’a bousculé puis, de nouveau, trois ans plus tard avec la mort de Béatrice qui s’était battue 17 ans avec son cancer ! Tu souffrais fortement de la tétraplégie qui t’avais cloué au lit, mais ton mental en a remis une couche et ce fut la dépression. Deux handicaps pour le prix d’un : hand in the cap, main coincée dans le couvre-chef, comme disent les anglais ! On aurait pu craindre le pire avec ces coups durs.

Né au soleil du Maghreb, d’une famille issue de l’île de beauté, la Corse que tu chérissais comme tes origines nobiliaires diverses, tu bouffais la chandelle des deux côtés, car il n’y avait qu’une vie trépidante qui pouvait te combler. Badaboum, tu es passé du noble corse à l’intouchable (hors-caste chez les hindous), de l’insouciance de l’homme d’affaires averti à la souffrance des escarres imprévisibles, de l’égoïsme flagrant à l’amour frappant… Chapeau !

Pour te sortir de 7 ans compliqués, la Providence a bien fait les choses et mis Abdel Sellou, aide-soignant, sur ton chemin : deux baroudeurs très opposés s’étaient retrouvés ! Il créait une certaine magie autour de toi, parfaitement décrite dans ce blockbuster, n°2 du box-office français dont c’est le film le plus vu à l’étranger… C’était ton ‘diable gardien’ dont tu feras ton deuxième livre : d’une rencontre inconcevable est né une vraie relation ‘à la vie, à la mort’ !

Puis, pour des raisons de confort (chaleur et brise), tu as choisi de quitter Paris et t’installer au Maghreb, retour à l’envoyeur, Marrakech d’abord, Essaouira ensuite car plus frais. Est arrivée ta nouvelle femme, Khadija, avec qui tu aurais prochainement fêter tes 20 ans d’un grand bonheur car elle a su te donner tout son amour. A ton anniversaire de 5 ans, je vous avais écrit un poème qui terminait par le verset : et, cette union, à l’avenir, triomphera !

S’il y a bien une donnée qui domine dans ton deuxième élan de vie, c’est l’amour, celui de tes deux femmes et tes quatre enfants (Laetitia, Robert-Jean, Sabah et Wijdane qui porte bien son nom de dernière : conscience révélée). Tu as su les combler, au mieux que tu pouvais, car tu aimais aussi t’occuper des autres défavorisés de tous genres ; que de mails avons-nous échangés sur des situations dont ton empathie s’était emparé avec grande joie !

Eloge du dénuement de ton humilité, du silence de ton écoute et de la sérénité de ton travail, tout te vouait à faire de ces trente ans, qui auraient pu être un calvaire continu, un chemin de dévotion. Conversion du flambeur au sage, ‘Promeneur Immobile’ que tu as décrit dans ton dernier livre et dont on a dit : il a voyagé dans l’immobile, exploré le silence, conquis la force des fragiles, dansé avec la douleur et fait triompher l’amour. Un hommage parfaitement écrit.

Des 5% de tes royalties sur le film versés ici pour permettre à des handicapés de partager la vie de valides, aux parrainages et ambassadeurs de causes multiples, tu partages, ouvres et accompagnes ! Bienveillant à l’égard des défavorisés de la vie, tu écoutes, conseilles et rediriges ! Conférencier à tes heures, philosophe à d’autres, engagé sur des thèmes comme l’euthanasie, tu n’arrêtes jamais de prôner le bon et le bien.

Tétraplégique le plus illustre du monde, certainement, tu as été beaucoup plus que cela car ce n’est pas ton handicap qui t’a fait mais la personne que tu es : beau et vrai dans tous tes combats de la vie, un exemple poignant d’un homme qui a trouvé sa voie et su laisser sa trace. Si ton diable gardien t’a sorti d’affaire en ce monde, que ton ange gardien sache être à tes côtés, à l’avenir, là-haut, car ta sainteté est marquée de tout l’amour que tu as prodigué !

©Martin de Waziers

Photo DR

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