PAR CHRISTIAN CAMPICHE
Le peuple a voté, le paquet climatique est sous toit. Et maintenant?
Tel est le danger de l’exercice démocratique suprême: sert-il d’alibi a la bonne conscience d’un consensus? Si les Montreusiens ont été cohérents en jetant aux orties un gros projet immobilier, on ne peut en dire autant des Zougois qui ont approuvé, du bout des doigts, une initiative visant à doter leur ville de HLM, condamnant tout un programme de réhabilitation d’anciens logements. La relation de cause à effet n’est pas certaine, toujours est-il que lundi les activistes de la rénovation d’immeubles ont bloqué une autoroute à Zurich.
La schizophrénie ambiante qu’illustre ce feu vert au béton est mise en évidence dans ce sondage publié par un groupe de presse au soir de la votation du 18 juin. Il montrerait que les Suisses placent le solaire au premier rang des solutions climatiques. Viennent ensuite l’eau des barrages, l’éolien et le nucléaire. Un autre résultat eut été improbable, avouons-le. Tant il vrai qu’une autoroute s’ouvre dorénavant aux industriels des secteurs concernés. Ils se pressent au portillon. De fait, l’association « Habitat durable » n’a pas attendu la fin du dépouillement pour parler au nom des propriétaires de logements en exigeant le remplacement des chaudières fossiles. Au budget nécessaire pour ce faire, nul ne fait allusion…
Le sauvetage des glaciers a bon dos. Champion de la récupération quand il y a de l’argent à gagner, le milieu des affaires boit du petit lait. N’est jamais évoqué en revanche le recours à l’éducation pour régler le problème climatique. Il ne viendrait à l’idée de personne de moins consommer, utiliser son cerveau – et non l’intelligence artificielle – pour limiter les besoins, résister aux sirènes de la publicité. Freiner ses ardeurs matérialistes, gourmandes en biens à leur tour dévoreurs de ces fautrices de conflits violents que sont les matières premières et l’énergie.
Ironie du sort, une brève parue dans les journaux du week-end anticipe un doublement du trafic aérien à l’horizon 2040. C’est le constructeur Boeing qui l’annonce fièrement. On lèverait moins la tête à sa place. Voilà un gros pollueur qui n’a vraiment pas inventé la poudre. Les gouvernements qui le tolèrent non plus.
Et chantent les oiseaux dans mon jardin.
Bravo! Ceci dit voici le temps qui court et comme dit La Fontaine « rien ne sert de courir il faut partir à temps » (l humour ça fait du bien!)
Parfaitement bien observé!
À la « décroissance absolue » réclamée par certains, je préfère cette notion de « croissance raisonnable » évoquée récemment par le président Macron. Une croissance qui accompagnerait celle, naturelle et quasiment incontrôlable, de la population mondiale qui doit bien s’équiper, s’abriter, se déplacer, s’alimenter, etc…
Sans jouer sur les mots, il s’agirait donc d’une « décroissance dans la croissance » avec le plus grand défi des prochaines années : faire appel à la raison et banir les excès individuels et collectifs en terme de consommation.
Vaste programme quand on connaît un peu la nature humaine…