Il pleuvait du désespoir
Il pleuvait de la faim
Il pleuvait des cris
Il pleuvait de la haine
Il pleuvait de la bêtise
Il pleuvait tant
Dans la plaine
Ils avaient tous mis leurs essuie-glaces
Et roulaient, roulaient,
Par millions, comme de laides limaces.
Sur une route parallèle
Fonçait un fou
Sans toit et sans essuie-glace.
Ils tentèrent de le rattraper pour le pendre.
De soif, ils périrent dans la fange.
Sur une route parallèle,
Marchait, maintenant, les pieds nus, un fou
Dans ses bras, mille enfants mutilés sont blottis
Et la terre entière de leurs chants retentit.
Xian, Noël 1974