Sur la Route de Morat, les prix dansent le pogo d’une station-service à l’autre


PAR PIERRE ROTTET

Sur la Route de Morat, sur la Route de Morat, dit la chanson, en parlant certes d’une autre ville, prestigieuse celle-là, les disparités sont grandes, anarchiques voire abyssales d’une station à l’autre pourtant distantes de 15 ou 16 kilomètres seulement. En date du 10 juillet dernier, pour un plein de 60 litres d’essence aux stations-service de la route de Morat, de Fribourg à Granges-Paccot, il en coûtait à l’usager 112 francs aux stations Tamoil, Migrolino et Coop, avec un prix affiché à 1,87 francs le litre, s’agissant de l’essence de référence sans plomb 95. 12 francs de plus que pour le même plein dans la station service Coop, à Morat, sur la route nationale qui mène à Berne, où le prix affiché au litre est de 1,67 franc. Autrement dit, pour l’automobiliste, un gain de 20 centimes par litre. Pas négligeable en cette époque d’inflation.

La même facture allégée attend le consommateur de kilomètres, qui s’arrêterait sur la même Route de Morat à Shop BP, ou encore à Landi, soit à moins de 16 kilomètres de Granges-Paccot. Ou, plus proche encore, à la station Agrola/Landi à Courtepin, voire à un pas de Fribourg, à Pensier, plus exactement, à moins de 5 kilomètres de Granges-Paccot. Soit à la porte de Fribourg, où les stations service affichent 20 à 22 centimes supplémentaires. La même disparité s’affiche pour une autre essence de référence, le diesel, 1,95 franc à la route de Morat à Fribourg, contre 1,78 à Morat.

Laissons aux lecteurs le soin de calculer les gains mensuels et même annuels que ces disparités représentent pour les usagers de la route. Soit pour les professionnels du bitume, ou encore les flâneurs en quête de dépaysement et de balades, ou plus prosaïquement sur la route pour cause d’achats. Mais aussi pour les pendulaires qui forment pourtant immuablement matin, midi, 13 heures et fin d’après-midi, et cela au quotidien les jours de semaine d’interminables queues. Les mêmes qui se répètent depuis des lustres entre Fribourg et les agglomérations voisines. Des pendulaires, dit en passant, seuls dans leurs autos et qui n’ont encore rien compris à ce que peut apporter à tous point de vue le co-voiturage…

Interrogé sur les raisons de ces disparités, le directeur de la station-service Agrola à Courtepin, station à essence qui permet aux clients de faire une économie de 20 centimes par litre sur le sans plomb 95, par rapport à la concurrence des stations fribourgeoises de la Route de Morat, assure « être soumis à une très forte pression de la concurrence des prix ». Cela, dit-il, compte tenu des difficultés des consommateurs « confrontés au pouvoir d’achat qui diminue chaque année ». Pour lui, il en va de la responsabilité entrepreneuriale de rester attractif sur le marché, en raison de l’offre et de la demande ».

Le gérant de la station Coop de Granges-Paccot, lui, justifie la différence de son prix au litre en raison de la nécessité de l’indexer sur ceux de la concurrence, distante de quelques kilomètres tout au plus, avant d’évoquer les différences de pouvoir d’achat entre les multiples régions de Suisse. Oubliant sans doute que cette différence de pouvoir d’achat ne peut être invoquée dans le même canton de Fribourg. A court d’argument, le gérant nous renvoie au porte-parole de la Société Coop Mineraloel à Allschwil, afin qu’elle apporte une explication sur les différences de prix des stations Coop à quelques kilomètres de distance. Réponse sibylline de Sandra Jann, porte-parole de Coop Mineraloel AG: “Les prix des carburants dépendent de différents facteurs de coûts. Cela peut conduire à des différences de prix du carburant en raison de la concurrence locale et des coûts locaux. L’environnement concurrentiel est très compétitif dans certaines régions, en particulier dans les régions frontalières”. 

«Nous sommes trop laxistes fasse à l’escalade des prix et des disparités constatées », s’indigne Jean, lesté de 73 francs après avoir été payer son essence à la caisse d’une station à Granges-Paccot. «Sûr que je serai plus attentif par la suite», assure-t-il. Jean pointe du doigt les incohérences des politiques locales, régionales et suisses, avec des transports publics que l’on s’ingénie à rendre plus chers, avec des trains les plus chers au monde. Si l’Allemagne se permet un abonnement général à 48 francs par mois pour l’ensemble de son réseau ferroviaire, pourquoi pas la Suisse ? où l’on fait exactement le contraire, en augmentant même les prix, s’interroge-t-il. On marche sur la tête! »

Le 18 juin dernier, les citoyens suisses se prononçaient favorablement sur les objectifs en matière de protection du climat. Dans le même laps de temps, le gouvernement annonçait une enveloppe de près de 7 milliards de francs pour les autoroutes. Une politique bordélique qui continue à faire la part belle à la voiture? Mais surtout aux nombreux lobbyistes qui gravitent autour. Au détriment du bon sens. De la raison! Vous avez dit environnement ?

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