Violences au Pérou, seule parmi ses pairs, une icône de la culture péruvienne sort de son silence


La Péruvienne Suzanna Baca (image capture d’écran), icône de la musique au Pérou et en Amérique latine, reconnue dans le monde entier, tire une fois de plus à boulets rouges contre la présidente péruvienne Dina Boluarte. « Cette personne représente l’opprobre, ce qui a de plus vil et indignant, la tyrannie », estime-t-elle dans une vidéo, la diction parfaite des grandes artistes, la voix posée, sans colère mais déterminée, avec l’émotion de la tristesse pour ce Pérou à la dérive par la volonté d’une clique politique.

Voix s’il en est de la culture péruvienne et de la culture afro-péruvien, chanteuse, compositrice, trois fois récompensée aux « Premios Grammy», figure clé du folklore latino-américain et ex-ministre de la culture en 2011, Susana Baca est une icône. Elle s’adresse directement à Boluarte, apportant ainsi son soutien aux marcheurs et contestataires, dans une vidéo qui fait le buzz sur les réseaux sociaux, reprise par le quotidien «La Republica».

Suzanna Baca a sorti une vingtaine d’albums dans lesquels elle chante avec force l’histoire des Africains amenés comme esclaves au Pérou. Son attaque frontale n’en prend que plus d’ampleur contre l’usurpatrice du Palais présidentiel, que d’aucuns n’hésitent plus à qualifier de dictateur, grâce aux soutiens qui, pour l’heure, sont derrière elle au congrès. Soutiens issus des rangs du fujimorisme, de l’extrême droite, mais aussi d’une pseudo-gauche en déshérence, corrompue elle aussi.

L’artiste, âgée de 79 ans, au discours posé mais ferme s’en prend en outre à l’actuel gouvernement qui «conduit le pays à l’ignorance et à la négation de notre identité».

«Le Pérou représente aujourd’hui une grande souffrance pour moi, je constate la pauvreté morale des politiciens et des congressistes », dit-elle. «Je ne crois plus en ce pays comme étant celui de tous et pour tous. Je vois un pays actuellement conduit par et pour les seuls intérêts de certains groupes politiques et d’institutions pourtant créés par nous. Des intérêts aujourd’hui utilisés pour le seul profit de gens sans valeurs».

De la même manière, poursuit l’artiste de couleur, «la classe politique tente de rendre invisible et de faire obstacle aux manifestations sociales: Ils – réd.: le gouvernement, Boluarte et le congrès – veulent priver le peuple de son droit à l’indignation et à manifester. Ils convertissent le Pérou en une dictature méprisante, en paria».

S’adressant plus particulièrement à Boluarte, Suzanna Baca enfonce le clou et le mépris: « Jamais on ne pourra lui pardonner les personnes mortes pour avoir osé protester, s’élever contre ce gouvernement et ce congrès ».

Ce n’est pas la première fois que l’icône de la musique péruvienne et d’Amérique latine sort de son silence, assénant tout le mal qu’elle pense du pouvoir, le danger qu’il représente pour les années à venir. Un silence dans lequel restent cantonnés les intellectuels péruviens, artistes ou autres du monde de la culture, emmurés dans leurs contradictions, leur mutisme. Par manque de courage?

Un courage qui colle à la peau de cette grande dame du monde du spectacle, qui ose affirmer ce que la plupart des médias inféodés au pouvoir ne veulent pas voir, de même que les intellos de service: « La présidente ment au pays avec cynisme. Elle a l’impudeur de se montrer en public en se faisant passer comme une personne compétente incarnant la majestuosité de notre pays. Alors qu’elle représente l’opprobre, ce qui a de plus vil, d’indignant et la tyrannie. Il n’y aura ni oubli ni pardon dans le coeur des femmes et des hommes justes que sont nos compatriotes par millions ».

A noter que de nouvelles marches sont annoncées à Lima et dans l’ensemble du Pérou les 27, 28 et 29 juillet, la fête nationale ayant lieu le 28. L’hallali pour le pouvoir?

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