En France et aux Usa, des milliers d’erreurs médicales


PAR YANN LE HOUELLEUR, dans la région parisienne

Voilà des chiffres impressionnants qui peuvent choquer et même effrayer. Au fond, comment faire confiance à un médecin, à un établissement hospitalier quand on est tout seul face à la toute puissance de la science, parfois pétrie d’arrogance ?

(On se souvient de la Covid, une période qui a vu des pans entiers du corps médical brouiller les messages, avec des soupçons de corruption ou d’inféodation à un pouvoir politique mal préparé à une telle épidémie.)

Tout d’abord, énumérons les chiffres. Les Etats-Unis étant à l’avance de dix ans sur ce qui se passe en Europe et plus particulièrement en France, commençons par eux. Selon un spécialiste de la santé, Michel Joseph Pistoria, « chaque année aux USA les erreurs médicales contribuent au décès de 250.000 personnes. C’est la troisième source de mortalité dans ce pays. »

60.000 morts par année en France – Retournons dans l’Hexagone. La rédaction de France-Inter a découvert (des chiffres à relativiser, évidemment) que « 450.000 événements indésirables graves se produisent chaque année, à l’origine de 60.000 morts.»

Qu’entend-on par « événements indésirables » ? Précisément, « erreurs médicales présumées ».

De nombreux websites sont dédiés à ce phénomène qui semble prendre de l’ampleur. ‘’Medisite.fr’’ relève que « nombre de risques encourus par les patients portent sur les opérations chirurgicales. »

Entre autres impairs ou imprudences mises en cause : oubli d’un instrument, surdose médicamenteuse, opération d’un organe erroné…

« Documenter les séquelles » – Si vous estimez avoir été en proie à une erreur médicale, sachez que plusieurs associations, gérées par des médecins, en France et ailleurs, peuvent se pencher sur votre dossier.

Contacté (à titre personnel) par l’auteur de cet article, l’un de ces médecins, le Dr Fr (…) a coutume de dire que « toute plainte à la suite d’une hypothétique erreur en la matière doit être dument documentée. (…) On se base notamment sur les séquelles constatées. »

Pour autant que l’auteur de cet article au demeurant fort incomplet ait bien compris son interlocuteur, il est nécessaire de s’armer de patience en attendant que la période des traitements (post opératoires ou après les soins ou le manque de soins appropriés) et de la convalescence ait expiré.

Autrement dit, un dossier d’erreurs médicales supposées sera passé au crible de spécialistes aguerris qui ne se prononceront pas avant d’avoir fait tout la lumière sur les moindres détails. « Et puis, dans certains cas, par exemple s’il s’agit de toxicomanes, ajoute le Dr Fr (…), nous nous réservons le droit de refuser l’examen d’un dossier. » On se demande bien pourquoi : ségrégation, préjugés ?

Toujours est-il que la médecine n’échappe pas à la dictature de la productivité et de la rentabilité affectant notre société. Certains généralistes ne sont guère plus que des prescripteurs de médicaments.

Franc-Parler, un journal numérique singulier filant vers ses quatre ans

Cet article consacré aux erreurs médicales est paru initialement dans « Franc-Parler ». Il s’agit d’un journal numérique fondé lors de la première étape du Covid, au printemps 2020. Particularité de « F.-P. » : il est élaboré à Gennevilliers, une ville de la proche banlieue parisienne, par une petite équipe de contributeurs bénévoles. Le soussigné, fondateur, tout à la fois rédacteur en chef et metteur en page, précise qu’il n’entend pas faire de son média « un grand journal », ce qui relèverait d’ “un dessein mégalomane”. F.-P. ne possède pas de website, si ce n’est une présence sur facebook. Yann Le Houelleur:

Mieux vaut un public choisi plutôt qu’une meute d’internautes ne manifestant qu’un intérêt lointain pour un média aussi exigeant quant à la qualité présumée des articles.

Hormis des articles et reportages sur des questions d’actualité brûlantes, le journal numérique offre un éventail de chroniques, de points de vue parfois polémiques, de poèmes aussi, avec des fenêtres largement ouvertes sur l’étranger, dont la Suisse et… le Brésil où le journaliste, par ailleurs dessinateur, a vécu pendant plus de quinze ans avant de retourner en France.

Cet été, nous faut-il préciser, Franc-Parler a failli disparaître à tout jamais, à cause d’une infection fulgurante dont l’auteur de ces lignes été la proie, estimant que des erreurs médicales ont été commises. Il récapitule de telles souffrances dans une édition spéciale en partie réalisée lors de son long séjour à l’hôpital. Une occasion toute trouvée pour s’en prendre au délabrement de l’hôpital public en France soumis à des impératifs budgétaires sans pitié.


Notre journal a été l’une des raisons pour lesquelles je me suis accroché à la vie. Je n’imaginais pas le voir s’effacer, d’un coup, en même temps que moi. Le temps file à toute vitesse, en ce bas monde, et la rédaction a déjà entamé la fabrication de l’édition 41 qui selon la tradition comprendra de nombreuses surprises, surtout à l’approche de Noël. « La vie est un cadeau dont il faut savoir profiter », nous a écrit une lectrice assidue.

(Comment contacter F.-P. : chaudslesmots@yahoo.fr)

YLH

Tags: , , , ,

Un commentaire à “En France et aux Usa, des milliers d’erreurs médicales”

  1. Yves Ecoffey 4 septembre 2023 at 07:26 #

    En Suisse, étudier l’erreur médicale est pénal, raison du déni.
    En criminologie, les psychiatre n’assument rien, raison pour laquelle les proches ne peuvent pas faire leur deuil.
    Triste, mais le marché de la déshumanisation fait florès, pas seulement aux USA, mais également en Suisse (rien arrête le progrès…).
    Docteur Yves Ecoffey.

Laisser un commentaire

Les commentaires sous pseudonyme ne seront pas acceptés sur la Méduse, veuillez utiliser votre vrai nom.

Mentions légales - Autorenrechte

Les droits d'utilisation des textes sur www.lameduse.ch restent propriété des auteurs, à moins qu'il n'en soit fait mention autrement. Les textes ne peuvent pas être copiés ou utilisés à des fins commerciales sans l'assentiment des auteurs.

Die Autorenrechte an den Texten auf www.lameduse.ch liegen bei den Autoren, falls dies nicht anders vermerkt ist. Die Texte dûrfen ohne die ausdrûckliche Zustimmung der Autoren nicht kopiert oder fûr kommerzielle Zwecke gebraucht werden.