Des activistes climatiques interrompent un concert du Bayerisches Staatsorchester à Lucerne


Vendredi 8 septembre, Lucerne, à 21h35, deux citoyen·ne·s soutenant la campagne de résistance civile climatique Renovate Switzerland sont monté·e·s sur la scène du Palais de la culture et des congrès de Lucerne (KKL) durant une représentation de la 4e symphonie de Bruckner par le Bayerisches Staatsorchester (photo DR/Renovate), a communiqué le mouvement d’activistes climatiques. Plus tôt dans la soirée, le Lucerne Festival accueillait l’ONG Amnesty International pour une discussion sur le sort réservé aux activistes dans le monde. C’est la quatrième action de Renovate Switzerland en un mois qui touche des événements culturels et sportifs de haut niveau, ajoute le communiqué de Renovate Switzerland, dont voici la teneur in extenso:

Citation de Selina Lerch, 28 ans, psychomotricienne: “Cela fait plus d’un an que je donne des formations à la non-violence au sein de Renovate Switzerland, car la non-violence est une valeur fondamentale pour moi. J’ai ainsi formé plus de 100 nouvelles personnes à prendre part à la résistance civile climatique tout en adhérant aux principes des droits humains. La répression dirigée envers les militant·e·s en Suisse et dans le monde entier est incompréhensible pour moi.”

Citation d’Anthony Zufferey, 20 ans, étudiant en relations internationales: “J’ai peur pour mon avenir et celui de mes proches. Les mois de juin-juillet-août de cet été sont les plus chauds depuis 120 000 ans. Il y a tellement de choses que nous pouvons faire pour empêcher le pire, mais cela nécessite un chef d’orchestre pour coordonner les actions des citoyen·ne·s. Aujourd’hui, j’entre en résistance civile climatique pour forcer le Conseil fédéral à prendre ses responsabilités.”

Selina Lerch et Anthony Zufferey sont montés sur scène peu avant la fin du troisième mouvement de la quatrième symphonie de Bruckner et se sont collés la main au pupitre du chef d’orchestre. Le public a réagi avec irritation et des appels discrets ont été lancés pour qu’ils s’éloignent, mais ceux-ci sont restés stoïquement assis et ont fait passer leur message à haute voix.  Au bout de 10 minutes, à la fin du mouvement, le chef d’orchestre Vladimir Jurowski a parlé à Selina et Anthony et a ensuite expliqué au public qu’il souhaitait leur donner la parole. Il a convenu avec eux qu’ils pourraient expliquer leur demande et qu’en contrepartie, le concert pourrait ensuite se terminer sans être interrompu. Après quelques huées supplémentaires, il a insisté auprès du public : “Si vous ne les laissez pas s’exprimer, je quitte la scène” a-t-il déclaré. Selina a ensuite rappelé en quelques mots l’urgence climatique, sa peur et la nécessité d’agir. Après avoir remercié Vladimir Jurowski, ils ont quitté la scène sous les applaudissements discrets du public et le concert a pu se terminer sans encombre.

L’interruption d’une représentation au festival de musique classique de Lucerne est la quatrième action de Renovate Switzerland cet été dans un espace prestigieux, après le Festival de films de Locarno, la Ligue de diamant d’athlétisme à Zurich et l’European Masters de golf à Crans-Montana. Les sympathisant·e·s de Renovate Switzerland, connu·e·s principalement pour leurs blocages de route, déclarent qu’ils et elles continueront à alerter la population contre les graves dangers du dérèglement climatique car l’urgence est réelle. En plus de leurs actions directes, ils et elles organisent des présentations hebdomadaires dans plusieurs villes de Suisse ainsi que des formations à l’action non-violente à destination du grand public.

Le compositeur Robert Schumann, dont un morceau a été joué ce soir au KKL, a assisté aux débuts de la révolution industrielle. L’année de sa naissance, en 1810, la concentration de CO2 dans l’atmosphère était de 283 ppm (parties par million). En juillet 2023, elle était de 422 ppm. Dans le même intervalle, la température moyenne mondiale a augmenté d’environ 1,2° C. Cela est suffisant pour provoquer des feux de forêts meurtriers et incontrôlables. Si la température continue d’augmenter, des crises plus graves encore nous toucheront, telles que le manque d’eau, des épidémies et des famines. Les sympathisant·e·s de Renovate Switzerland entrent en résistance civile climatique pour pousser le gouvernement à protéger la population contre ces dangers mortels.

La campagne Renovate Switzerland demande au Conseil fédéral de reconnaître l’urgence climatique et, comme première action de politique climatique d’envergure, de présenter rapidement un plan concret pour la rénovation thermique d’ici 2030 de tous les bâtiments en Suisse qui le nécessitent. La rénovation thermique permettrait de faire chuter rapidement les émissions de CO2 de la Suisse et de réduire les factures d’énergie des ménages, tout en créant des emplois. C’est une mesure phare préconisée par les rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).

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5 commmentaires à “Des activistes climatiques interrompent un concert du Bayerisches Staatsorchester à Lucerne”

  1. Sylviane Favre 9 septembre 2023 at 18:42 #

    Anthony Zufferey activiste de 20 ans affirme que les mois d’été de 2023 ont été les mois les plus chauds depuis 120 000 ans. Sur quoi se base-t-il pour affirmer cela? 120 000 ans, c’est 1200 siècles! A-t- on des données précises qui prouvent cela? Et en quoi le réchauffement de 1,2 degré en un siècle pose-t-il un problème d’urgence prioritaire?
    D’autre part vous dites dans l’article que la concentration de co2 dans l’atmosphère a passé de 283 PPM en 1810 à 422 PPM en 2023. Si l’on ne peut contester cette augmentation peut-on comparer 1810 à 2023, étant donné que la population mondiale était de un peu plus de 1,2 milliard d’individus en 1810, et qu’aujourd’hui nous sommes presque 9 milliards. L’étendue des forêts et le nombre d’arbres absorbant le co2 a fortement diminué en un siècle et la population mondiale est 8 fois plus élevée. On sait également que la part de co2 émise par l’humain n’est qu’une toute petite partie des émissions terrestres.(Ecouter à ce sujet Christian Gérondeau)
    L’argumentation de ces jeunes activistes me paraît un peu vague et plus qu’approximative, si ce n’est lacunaire.
    La concentration de co2 dans l’atmosphère n’est qu’une composante du problème lié à la part de responsabilité humaine dans la dégradation de notre planète. Elle n’est certainement pas la plus grave. Perte de la biodiversité, espèces animales éteintes et en voie d’extinction, pollution de l’eau , des sols et de l’air avec des produits chimiques, plastiques et micro plastiques, exploitation des sols et mort des forêts primaires, mono cultures et OGM, et j’en passe. Je trouve vraiment dommage que ces jeunes activistes ne se mobilisent que pour le co2 et pas pour tous les problèmes liés à l’activité humaine entraînant la destruction du Vivant. Ces problèmes sont tout aussi graves à mon avis, si ce n’est plus graves encore pour l’avenir de l’humain sur la terre.

    • Christian Campiche 9 septembre 2023 at 22:24 #

      Vos arguments sont sensés mais il faut aussi se mettre à la place des jeunes générations à qui l’on bassine nuit et jour que le climat se dégrade et que la terre brûle, quelque part. Qui les manipulerait, dans ce cas? Leur révolte est compréhensible et d’autant plus légitime que l’Etat entretient le mythe du réchauffement planétaire pour des raisons x ou y, l’une d’elles étant le souci de donner un coup de main à l’industrie des panneaux solaires et autres éoliennes qui devient très rentable du fait des craintes que le nucléaire suscite depuis les catastrophes de Tchernobyl et Fukushima et de la nécessité de remplacer le pétrole, fauteur de guerres.

      Il convient de considérer en outre que ces activistes ne sont pas des têtes… brûlées, ils proposent une solution très concrète, la rénovation au lieu de la destruction, forçant ainsi les gouvernements à faire face à leurs contradictions.

  2. Sylviane Favre 10 septembre 2023 at 07:37 #

    Merci pour votre réponse.
    Votre article est peut être alors lacunaire car il n’explique pas la raison pour laquelle leur action va jusqu’à interrompre un concert. Quel est le lien avec leurs revendications? Pour prendre la parole? Pour rénover la Suisse? Bien, mais si leur discours ne va pas plus loin que le co2 et le réchauffement, ils ne font que reprendre les arguments du pouvoir politique et des lobbys industriels, comme vous le faites remarquer. Rénover la Suisse avec le tout électrique, supprimer les énergies fossiles , mieux isoler nos habitations ne résoudra pas les nombreux problèmes induits par l’homme sur le Vivant, malheureusement. Ce n’est que l’arbre qui cache la forêt. Mais je reconnais que ces jeunes sont courageux dans leurs actions.

  3. Christian Campiche 10 septembre 2023 at 14:44 #

    L’arbre qui cache la forêt: vous avez raison. Mais qui s’empare vraiment du sujet, à savoir le défrichage de la forêt? La population civile est désemparée, elle subit quotidiennement un flot de nouvelles anxiogènes, des ukases destinés à lui faire porter le chapeau des dérives climatiques, avérées ou pas. Quel avenir pour l’humanité? Les jeunes générations sont naturellement interpellées et saisissent mieux que tout le monde les absurdités d’un système aux mains d’ “élites” dont la logique de puissance et d’accaparement des biens nourrit les germes de sa propre destruction. Ces mêmes jeunes générations réagissent avec les moyens du bord, inspirés de l’activisme anglo-saxon, maître de la communication audio-visuelle. Des mises en scène improvisées, organisées dans le plus grand secret, destinées à marquer les esprits. Comme journaliste, j’ai observé il y a 25 ans la tactique utilisée par les écologistes de “Friends of the Earth” à Davos. Une efficacité redoutable, pour autant que la télévision (une grande chaîne, svp) soit sur place pour immortaliser l’événement. Sans cela l’opération serait un coup d’épée dans l’eau. En Suisse, les activistes se débrouillent comme ils peuvent. Les uns vont faire du tennis dans le hall d’entrée d’une grande banque, les autres vont occuper une carrière appartenant à un groupe de la construction. Les tribunaux sont dépassés. La lassitude pointe au bout de ce déferlement d’actions désespérées dont la vertu la plus visible est qu’elle porte au moins encore la marque de l’Homme. Ne provoquons pas trop les robots de l’intelligence artificielle! Ils n’attendent qu’une occasion pour prendre le contrôle des événements.

  4. Claudine Sautaux 12 septembre 2023 at 22:30 #

    Je suis absolument opposée aux “actions” de désobéissance civile des ces militants écologistes, rendus par ailleurs complètement affolés et obnubilés par des lobbys qui, sans doute, les dépassent.
    Ces militants affolés et absolument certains que la fin du monde est proche ne sont que les outils des puissants qui, eux, tirent les ficelles vers un objectif qui est encore très flou pour le commun des mortels.

    Ceci dit, ces militants en manque de visibilité, ne pourraient ils pas se rendre très utiles en allant travailler pour la cause qu’ils prétendent devoir défendre? Par exemple, aux champs où la main-d’œuvre manque cruellement pour désherber manuellement-.

    Ces militants ne peuvent pas sérieusement revendiquer leur idéal en menant de actions qui énervent la toute grande majorité de la population. Ce qui est sûr, c’est qu’ils réussissent parfaitement à faire dégringoler les verts dans les sondages pour les élections fédérales 23. Pas mal comme “réussite” mais pas sur du tout que ce soit ce qu’ils avaient souhaité:)

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