Tribune libre – Nouvelle validation d’importation de 500 tonnes de beurre, mais à quoi joue l’Interprofession du Lait?


Dans un communiqué diffusé jeudi 12 octobre 2023, l’organisation paysanne Uniterre réagit vigoureusement à une annonce de l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG), diffusée le même jour: « La Suisse va augmenter ses importations de beurre de 500 tonnes entre le 16 octobre et la fin décembre ». Le communiqué d’Uniterre dans son intégralité:

Ce dernier donne ainsi suite à une demande de l’Interprofession du lait, soucieuse de répondre à la consommation accrue pendant la période des fêtes de fin d’année. », lisait-on dans l’ATS du 5 octobre. 

Les caves de fromages sont pleines à craquer, les exportations de fromage étant en baisse. Les producteur.trices de lait de fromagerie en sont à plusieurs annonces de réduction du quota laitier pour faire face à cette baisse, le moral est au plus bas pour elles et eux. 

Et de l’autre côté, l’Interprofession du Lait annonce, la fleur au fusil, une demande d’importation supplémentaire de 500 tonnes de beurre le 31 août invoquant les raisons suivantes. « Sur la base de son évaluation du marché, la commission s’attend de nouveau à un manque structurel de beurre l’année prochaine. La demande précitée vise à assurer que certains marchés partiels, notamment dans le domaine « food service », puissent continuer à être approvisionnés en beurre importé. Il s’agit aussi d’assurer une quantité suffisante de beurre suisse de consommation dans le commerce de détail. Selon la planification provisoire, il devrait y avoir suffisamment de beurre indigène jusqu’à la fin de l’année. La décision de la commission permet néanmoins d’éliminer la petite incertitude qui subsistait pour la planification, surtout en vue de la période de Noël. La décision a été prise par la commission paritaire. » 

La baisse des exportations de fromages n’est pas nouvelle, comment se fait-il que la filière n’arrive pas à s’organiser ? Cette baisse des exportations de fromage doit amener l’IP lait à gérer différemment le marché laitier. Une revalorisation immédiate et conséquente du segment B, payé aujourd’hui à un prix honteusement bas (janvier 2023 = 61,27 cts ; juillet 2023 = 55,3 cts) doit permettre de résoudre simultanément plusieurs problèmes : le manque de beurre, les prix trop bas, et la valorisation des excédents de lait de fromagerie. Un prix équitable pour le lait est nécessaire pour sortir de ce marasme qui ne conduit qu’à des décisions prises dans l’urgence pour résoudre les crises au coup par coup. Nous demandons une gestion durable et responsable des quantités et des prix, afin de garantir l’avenir de la production laitière en Suisse. 

Nous n’arrêtons pas de parler d’urgence climatique – les 60’000 personnes défilant à Berne le 30 septembre 2023 étaient là pour nous le rappeler – et non, nous nous obstinons à produire, produire du fromage, notamment pour l’exportation, au détriment de la production indigène, ici de beurre et d’aggraver ainsi les émissions de gaz à effet de serre, au travers de transports inutiles ! Quand va-t-on arrêter ce cirque, réfléchir un peu plus au contexte dans lequel nous sommes aujourd’hui et un peu moins au seul profit de l’agro-industrie ? Cette situation est plus qu’inadmissible et va totalement à l’encontre du principe de souveraineté alimentaire!

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