Tribune libre – Fribourg, angélisme et macronisme


C’est un fait visible pour tous ceux qui demeurent lucides : Fribourg est en train de s’enfoncer dans les ténèbres d’un insondable marasme.

Le plan de circulation en est la principale cause.

Les 30 km/h généralisés empoisonnent le trafic jusque sur les axes où il sont le moins nécessaires, empêchant toute fluidité. Chacun admettrait pourtant volontiers que le centre-ville, les rues et les quartiers les plus résidentiels y soient soumis. Mais la ville étouffe littéralement sous l’effet des ralentissements inutiles, causes de bouchons interminables, gratuits et proprement vexatoires. Ralentissements contre-productifs, de surcroît, sur le plan d’une écologie que par ailleurs on porte hypocritement aux nues.

Les commerçants se regroupent pourtant pour protester. Ils tentent de faire entendre que les 30% de baisse de fréquentation de leurs magasins – baisse due au découragement des visiteurs et des touristes, ainsi qu’au sentiment qu’ont ces derniers que, décidément, ils ne sont pas les bienvenus à Fribourg – sont en train de les faire mourir. Comme si la confusion qui règne ne suffisait pas aux autorités, il faut également compter avec les retards, les détours artificiellement imposés, les injustifiables ralentisseurs et la disparition des facilités d’accès à nombre de rues transversales. Des bordures incompréhensiblement surélevées font faire aux véhicules des sauts à cause desquels on en arrive à plaindre les blessés que transportent les ambulances. Enfin, on ne peut que s’interroger quant à l’opportunité de tant de chantiers ouverts dans presque chaque quartier. Pourquoi un tel nombre et en même temps ?

Il résulte de tout cela un étranglement général de plus en plus insupportable.

Mais rien n’y fait. Des autorités communales ancrées, non pas dans la réalité, mais dans un réel fantasmé, loin d’être à l’écoute de leurs administrés, entendent aggraver encore la situation. En effet, en prolongement du 30 à l’heure de la longue et large route du Jura, de la presque déserte avenue du général Guisan, de l’avenue de Beauregard, de l’avenue du Midi, de la route de Villars, du boulevard de Pérolles, où la limitation est totalement dépourvue de justification logique, nos édiles projettent d’inclure les tronçons auxquels ils se raccordent et qui sont pour l’heure épargnés. Il semble, en fait, que chaque tour de roue soit entravé avec un plaisir sadique. On ne peut s’empêcher de songer à Emmanuel Macron et son intention « d’emmerder les non-vaccinés ».

Cerise sur le gâteau : les bornes interdisant certains axes aux heures les plus animées de la journée, particulièrement lorsque les gens ont besoin de fluidité puisqu’ils s’empressent de gagner leur lieu de travail. C’est ainsi que pour qu’il puisse atteindre, depuis le quartier de Beauregard, la Vieille Ville, un automobiliste, au lieu de couper au plus court par l’avenue du Moléson ou l’avenue de Gambach, est forcé d’emprunter, dès six heures trente du matin, l’avenue de Beauregard, la route de Villars, la route de Cormanon, la route de la Glâne, de franchir, à droite, le pont du Cardinal, de rejoindre l’avenue de Pérolles, avant, épuisé, de pouvoir suivre la route Neuve, au bout de laquelle s’ouvre à lui la Vieille Ville. Plusieurs kilomètres, au lieu des quelques centaines de mètres habituels, et une pollution multipliée par deux ou trois, sans oublier l’énervement qui use la santé.

Nous ne nous étendrons pas sur la lubie angélique des « lieux de rencontre » qui, entourés de véhicules pétaradants et asphyxiants, vont ponctuer les carrefours les plus fréquentés, avec bancs incongrus et vitesse fixée à 20 km/h. Comme si les gens se hâtant vers la gare ou les arrêts de bus (bus par ailleurs pléthoriques et presque toujours à moitié vides) avaient tout loisir de s’arrêter, de s’asseoir, de bavarder avec des inconnus qu’ils se feraient un plaisir d’embrasser au moment de la séparation. Que dire, pour terminer, des pistes cyclables presque partout sous-utilisées et qui rétrécissent la voie circulable?

Il y a deux sortes de réel : le réel chevillé à l’entendement pathologique des idéologues politiques et le réel palpable, concret qui leur échappe et qu’ils s’ingénient à nier contre toute évidence. C’est du second que Fribourg est malade et dont la majorité de ses habitants, peu encline à la révolte, préfère s’accommoder en silence.

Michel Bugnon-Mordant, Fribourg

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Un commentaire à “Tribune libre – Fribourg, angélisme et macronisme”

  1. Lionel de Pontbriand 15 avril 2024 at 17:18 #

    C’est le lot quotidien du rush des ruraux vers leurs lieux de travail et leur pénibles retours à cause de la surcharge de trafic le soir aux heures de pointe ralentis encore par les travaux et
    une vitesse d’escargots afin de faciliter la photo des plaques amendables Ce n’est pas la question écologique qui effleure les consciences vertes mais bien les nouvelles recettes miracles de la dime

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