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Krach boursier à l’horizon? Pour l’instant mieux vaudrait parler d’atterrissage en douceur, pour utiliser un terme technique désignant un affaiblissement progressif de la cote plutôt qu’un décrochage brutal et sanglant. Remarquable est la descente depuis quelques mois de certains titres vedettes: “Thales, Rheinmetall, Leonardo… La défense en forte baisse en Europe”, titre Les Echos. On aimerait croire que les bruits de bottes s’atténuent sur les quatre continents mais rien n’est moins sûr… Les valeurs suisses ne sont pas épargnées, qui , à l’instar de Roche ou Nestlé, subissent un recul notable depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Commentaire d’un vieux renard du marché:

Nestlé paie les années calamiteuses de fin de règne de Peter Brabeck qui a vendu la participation de 30% dans L’Oréal, au lieu de lancer une OPA, ce qui aurait permis à Nestlé de s’appuyer sur deux jambes dans la consommation, l’alimentaire et l’hygiène corporelle. Aujourd’hui Nestlé se trouve prisonnier d’activités très concurrentielles, café, chocolat, eau, nourriture pour chien et chats, et ne trouve pas de ‘moteurs de croissance’. Le manque d’anticipation des problèmes de l’eau en bouteille (assèchement des nappes, pollution etc…) augmente également l’incertitude des actionnaires.

Des actionnaires qui sont notamment nos caisses de pension. Leurs pertes sur le titre Nestlé, autrefois valeur dite “père de famille”, se chiffrent en millions.

Au classement des villes les plus “intelligentes”, Lausanne occupe la 7e place derrière Zurich (1ère) et Genève (3e) mais devant Paris, Londres et New York. Normal?, c’est un institut lausannois, l’IMD, qui l’affirme, on n’est jamais mieux servi que par soi-même. “Le fait d’avoir des bureaux à Lausanne nous permet de vérifier au quotidien si les données que nous récoltons correspondent ou pas à des réalités observables. C’est un contrôle de qualité supplémentaire”, explique Bruno Lanvin, parrain de l’enquête, dans les colonnes de “24 Heures”. D’habitude domicilié sous-gare vers Ouchy, l’IMD a-t-il déménagé du côté de l’aéroport? Ou alors prend-il la gare de Lausanne (photo @2023 le Médusé), transformée en chantier du tiers monde, pour une patinoire ou une piste de rap? Mesurée à ces critères-là, la notion de QI se relativise, il est vrai.

Le conflit en Ukraine a eu raison de mille ans de présence multiculturelle en Ukraine subcarpatique. Une myriade de nationalités et de religions se côtoyaient dans la pointe occidentale de l’Ukraine, même pendant les années sombres du stalinisme. Forte d’un demi-million d’habitants en 1948, la minorité la plus importante, la communauté magyarophone, se réduit comme peau de chagrin. Elle comptait moins de 200.000 personnes en 2020. Et c’était avant la guerre… Pour ne pas servir de chair à canon contre les tanks russes, les jeunes hommes quittent le pays. “La guerre aura mis à mal l’héritage humain de l’une des régions les plus multiculturelles d’Europe”, écrit le journaliste français Corentin Léotard dans “Le Monde diplomatique”. Le contexte politico-militaire n’est pas seul en cause. En 2017, le parlement ukrainien a adopté des lois prévoyant de restreindre l’enseignement en langue hongroise dans les écoles. Candidate à l’adhésion à l’UE, l’Ukraine?

En 2005, 600 journalistes de Suisse romande signaient l’appel de l’association info-en-danger demandant aux éditeurs de mieux remplir leur devoir de serviteurs de l’information au lieu de vendre des cacahuètes. Plainte fut adressée dans la foulée au Conseil suisse de la presse qui, au bout d’une enquête de plusieurs mois, donna raison à info-en-danger sur toute la ligne. Les rédactions en chef étaient invitées à redoubler de vigilance pour éviter la collusion entre la publicité et le contenu rédactionnel. Jurisprudence fut créée et dans les années qui suivirent, on enregistra quelques progrès. Les gratuits sont devenus à peine plus superficiels que les journaux payants. 20 ans sont passés et le naturel revient au galop sous la forme de publicités géantes de marques de luxe ou de géants de la distribution remplaçant la Une. “Le Temps” et “La Liberté”, pour ne pas les citer, acceptent désormais ce que leurs rédactions refusaient autrefois avec panache. Jadis pionnier, le journalisme romand en est-il réduit à déléguer à l’est de l’Europe l’esprit de résistance? En Allemagne, 130 employés du service public viennent de publier un manifeste dénonçant l’uniformité croissante de l’information, responsable d’une détérioration marquante de la qualité des émissions.

Christian Campiche

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