Livres – Un nouveau modèle de société qui ne manque pas d’agresser l’humanité


L’économiste libano-suisse Liliane Held-Khawam publie “L’humanité vampirisée“, dernier opus d’une trilogie qui étudie la restructuration des Etats, au niveau mondial, depuis la Deuxième Guerre mondiale. Le passage que nous publions est la conclusion de l’ouvrage (pp. 565-566).

PAR LILIANE HELD-KHAWAM

La machine à gouverner cybernétique et planétaire exige un contrôle total. Absolu. L’humanité doit s’y soumettre corps et âme. Le surmoi de l’individu tel que connu, avec des pensées personnelles, des acquis religieux-sociaux-familiaux, etc., semble condamné à être collectivisé et privatisé au profit de quelques dieux milliardaires.

C’est aussi ce qui explique l’apparition subite d’un wokisme désemparant, le dénigrement des représentants des autorités et des stars d’hier, l’abandon de l’enseignement de pans entiers de l’histoire, ou de l’activisme politiquement boosté des LGBTQ+.

Tout cela n’est qu’une stratégie qui vise à la désidentification à l’être humain – homme et la femme- tel que présenté dans la Bible ; c’est-à-dire à une créature faite à l’image de Dieu.

La dernière parcelle de référentiel au Dieu de la Bible et à la culture judéo-chrétienne doit céder la place à la logique du transhumain, ou humain robotisé: unisexe («vision» de Attali), dépossédé de son être intérieur et asservi non plus comme un esclave, mais comme une techno-chose ayant perdu toute identité personnelle, y compris son référentiel à son Dieu.

Le dieu de Harari ne supporte aucune autre autorité que la sienne. C’est pour cela que le mot autorité a été combattu, et est en voie de devenir une grossièreté. Son corollaire immédiat est que les enfants n’ont plus à obéir (autre mot grossier) à leurs parents, et qu’on leur apprend dès leur plus jeune âge à dire «c’est mon droit». Un parent a été récemment sanctionné parce qu’il s’opposait à la transition de genre de son enfant.

L’idée source de ce contrôle permanent, de tout et de chacun, remonte au concept cybernétique de Wiener. Céline Lafontaine nous dit:

Désirant lutter contre l’entropie menaçant l’ordre social, le fondateur de la cybernétique, Norbert Wiener, développe (ndlr: en 1954) un modèle d’organisation de la société basé exclusivement sur l’échange d’information. Défini en fonction de sa capacité à traiter l’information complexe, l’être humain perd alors son statut ontologique particulier. En fait Wiener laisse entendre que la reproduction artificielle d’un cerveau humain aurait la même valeur que celle d’un être vivant, attestant ainsi que le modèle information- nel s’étend au-delà des frontières séparant le vivant du non-vivant.

Dépourvu d’intériorité, le sujet cybernétique est un être totalement engagé dans un échange communicationnel avec son environnement. Réduit à une somme d’informations complexes, il devient selon l’expression de Breton, un simple réacteur du système de communication, duquel il n’est l’origine ni la finalité (Breton, 1995). En privant le sujet de son intériorité, le modèle cybernétique substitue les principes d’adaptation et d’autorégulation à la notion d’autonomie subjective héritée de la modernité politique. Ce qui surprend dans ce modèle, c’est que la raison n’est pas une faculté spécifique à l’être humain, mais qu’au contraire, l’ordinateur s’avère être un agent rationnel potentiellement plus fiable. Sous toutes ses formes et selon toutes ses convictions, l’analogie effectuée entre le cerveau et l’ordinateur demeure l’une des métaphores les plus puissantes que la cybernétique ait générée.

Le nouveau modèle de société ne manquera pas d’agresser l’humanité en transgressant ses frontières corporelles, étape indispensable à sa cyborgisation. C’est par le corps que l’étape ultime de la Dépossession devrait se faire. A l’heure actuelle, des scientifiques britanniques étudient l’haleine humaine en tant que source de pollution et d’émissions de gaz à effet de serre tels que le méthane (CH4) et le protoxyde d’azote (N2O). L’étude précise que les résultats pourraient varier sensiblement si l’on devait prendre en compte les … flatulences.

Ami lecteur, il est moins une. La sacralité de la vie tombe en emportant avec elle tous les tabous que les eugénistes des siècles passés pouvaient encore avoir.

Les Diables de Dostoïevski devraient peut-être être lus ou relus pour tenter de saisir les motivations de dieux milliardaires eugénistes décomplexés…

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