Une fois encore, lesdites «démocraties occidentales», tributaires des besoins de l’ordre impérialiste mondial dirigé par les États-Unis, prescrivent la guerre et libèrent des centaines et des milliers de milliards de dollars, d’euros, de livres sterling et de roubles, pour alimenter l’industrie d’armement.
La petite musique censée banaliser la «nécessité» de se préparer à une extension de la guerre inonde «matin, midi et soir» les médias officiels, journaux mainstream, radios et plateaux-TV. Pendant que la crise d’obésité des marchés financiers, des dividendes et du parasitisme oligarchique atteint son seuil de morbidité, alors que l’inflation s’abat sur les conditions de vie et de survie des masses laborieuses, les Biden, Macron, Scholz, Sunak, von der Leyen, Poutine et consorts jettent les bases de leurs plans pour imposer austérité et rigueur sociale au prétexte d’une entrée forcée des nations «civilisées» en économie de guerre.
Le problème de l’Ukraine n’a rien à voir avec la démocratie
Entraîner l’humanité tout entière à la catastrophe en transformant les forces productives en forces destructives est une constante du régime capitaliste. Lorsque le système vacille, que l’effondrement financier menace, les tenants du régime, qu’ils se disent de «gauche» comme de droite, s’allient et votent ensemble des enveloppes budgétaires directement destinées à enrichir les marchands de canons.
Le problème de l’Ukraine n’a rien à voir avec la démocratie pas plus qu’avec la pernicieuse et frauduleuse politique d’élargissement de l’Union européenne. Le problème de l’Ukraine est le problème de ses gigantesques richesses agricoles dans lesquelles le secteur agroalimentaire US a énormément investi. Il faut dire qu’avec un produit intérieur brut de 26’800 milliards de dollars en 2023 et une dette globale cumulée de 70’000 milliards de dollars, l’administration US a quelques raisons, sauf à voir son système financier s’effondrer, de «protéger» ses investissements en misant sur la poursuite, voire l’extension de la guerre. Ce scénario est somme toute le même que celui qui a conduit à la guerre d’Irak de 2003. Le prétexte n’en était ni l’instauration d’une quelconque forme de démocratie ni la destruction préventive d’armes de destruction massive inventées de toutes pièces, mais le contrôle géopolitique, militaire et financier, par les États-Unis, des champs pétrolifères et des ressources gazières de la région.
Vers un embrasement généralisé?
Aujourd’hui, avec leur politique de va-t-en-guerre, tout est fait pour que se produise un embrasement généralisé. Pour l’impérialisme, le «sauvetage» du système, des marchés financiers et de la mainmise des multinationales sur les ressources, au premier rang desquelles la force de travail humain, est à ce prix. Alors que le terrain d’opération des guerres menées pour l’appropriation des richesses et la soumission des peuples se situait souvent et essentiellement dans des contrées lointaines, notamment en Afrique ou en Asie, ce n’est plus le cas. L’Europe en tant que continent, est désormais avec le Moyen-Orient et la Mer de Chine, au cœur du dispositif. En 2024, les budgets militaires des pays de l’UE membres de l’OTAN ont progressé de 6%, ce qui représente une dépense de 368 milliards d’euros. Cette augmentation talonne celle du budget militaire US qui, toujours en 2024, a progressé de 6,8% et s’élève désormais à 806 milliards de dollars. Par comparaison, le budget militaire de la Russie correspond à 107 milliards de dollars et celui de la Chine, en augmentation de 7%, à 207 milliards de dollars.
La Suisse n’échappe malheureusement pas à cette frénésie guerrière et militaire. Le Conseil des États vient de décider d’une augmentation du budget militaire, le faisant passer de 5 à 7 milliards de francs alors qu’il décrète des coupes budgétaires dans tous les autres départements. Un montant qu’il convient de compléter puisqu’il ne prend pas en compte les crédits alloués au renouvellement des moyens de la défense aérienne (F-35) qui, à eux seuls, s’élèvent à 11,4 milliards de francs auxquels s’ajoutent encore 2 milliards pour le matériel, les essais et les munitions. Et ce n’est pas tout puisque le Conseil des États prévoit que le budget militaire devra, d’ici à 2030, correspondre à au moins 1% du PIB qui, bon an, mal an, s’élève à environ 2’700 milliards de francs. Fichtre, 27 milliards par an qui n’iront ni à la santé, ni à l’instruction, ni aux assurances sociales et encore moins aux logements et aux salaires des travailleurs !
« Séduisants refrains » de 1915 remis au goût du jour
À qui profite la guerre ? Certainement pas aux travailleurs. La propagande guerrière qui bat son plein rappelle furieusement des épisodes de l’histoire récente qui font froid dans le dos. «Tout apprendre – ne rien oublier !» disait le député SPD au Reichstag Karl Liebknecht en 1915 quand il dénonçait les «séduisants refrains» de la propagande mensongère menée en Allemagne, mais également en Russie, en France, en Italie, en Autriche et en Serbie entre 1910 et 1914. Il savait de quoi il parlait vu qu’un an plus tard, on voyait la mort et la misère de millions de travailleurs sur tous les fronts. Tout comme il savait à qui profitait la guerre, raison pour laquelle, dans une société divisée en classes, rentiers du travail d’autrui d’un côté, salariés de l’autre, il s’est adressé aux seconds par cette phrase restée célèbre : «L’ennemi de chaque peuple est dans son propre pays !». Dans l’intérêt des travailleurs de Suisse et du monde entier, hier comme aujourd’hui, nous pouvons dire : pas un sou, pas une arme, pas un homme pour la guerre !
Michel Zimmermann, militant ouvrier, Genève
Réflexion bien documentée, pas polémique et donc très intéressante.
Sur bien des points, l’auteur de cette tribune libre a raison, notamment quand il laisse à entendre que les investissements dans l’armement se font au détriment de parts entières des budgets nationaux habituellement dédiés au social, à la santé, à l’enseignement, etc.
Par contre, je trouve, en ce qui me concerne, que les arguments développés par l’auteur sont en partie fallacieux: la guerre, si elle « est prescrite par lesdites démocraties occidentales » nous a déjà été déclarée par ceux qui profitent des vertus et faiblesses de nos démocraties pour les affaiblir et les forcer à réagir. Le ver est dans le fruit, à cause d’associations, de mouvements politiques, de filiales d’organisations internationales qui veulent nous faire croire que vivre dans un pays occidental est hautement préjudiciable à notre bonheur potentiel alors qu’il existe pas loin de chez nous des dictatures (en Iran, par exemple, la Corée du Nord, des Etats où la charia est pratiquée, la Chine et son voisin la Russie ) qui asphyxient, terrorisent leurs peuples et consacrant des parts de leur PIB infiniment plus larges à l’acquisition d’armes au pouvoir létal maximalisé. Qui voudrait, au sein de nos démocraties occidentales aller vivre dans de tels « ghettos » (pardonnez-moi le caractère un peu abusif de ce mot) où le droit à la différence n’est pas admis. Une femme se dévoilant, un homosexuel surpris en train d’aimer, un opposant au régime en place risquent la prison ou même la torture). Personnellement, je ne tenterais pas un tel déménagement. Alors, mesurons notre chance et considérons que la meilleure manière d’éviter la guerre c’est de s’y préparer.