La peau noire et du sang juif dans les veines, Rachel Khan dénonce le chaos voulu par l’extrême gauche


PAR YANN LE HOUELLEUR, à Paris

Ce qui vient de se produire à Paris et dans plusieurs villes de France relevait d’un scénario  dont peu de gens se doutaient de l’imminente probabilité. Quelques dizaines de militants d’extrême gauche épaulés par des sympathisants de la cause palestinienne ont envahi et occupé les locaux de Sciences-Po, rue Guillaume à Paris, paralysant les cours. Leur audace a inspiré les étudiants de plusieurs instituts d’études qui ont fait de même.

Pour le gouvernement d’Emmanuel Macron, c’est un coup dur. Une fois de plus, le voilà critiqué pour son laxisme et son manque de réactivité face aux événements calamiteux qui se succèdent en France, dans plusieurs domaines : recrudescences des attaques au couteau en pleine rue, insécurité grandissante, débuts d’émeutes dans certaines banlieues, adolescents et mineurs impliqués dans les délits et trafics de stupéfiants qui s’intensifient, sans oublier les questions économiques et notamment les inquiétudes alimentées par une dette publique d’une ampleur colossale, des faillites d’entreprises en cascade. Etc.



Sept mois après le pogrom commis en Israël

Revenons à la rue Guillaume: non sans retard, des forces de police ont fait déguerpir les manifestants, le vendredi 3 mai. Un slogan avait été ressassé par les manifestants: «From the river to the sea». Ces jeunes gens qui rêvent du grand soir avaient supplié la direction de la prestigieuse école de renoncer aux partenariats noués avec des universités israéliennes. Ils n’auront donc pas obtenu gain de cause. Sept mois après l’effroyable pogrom commis par le Hamas en Israël, les opérations militaires décidées par le gouvernement  de Benjamin Netanyahu dans la bande de Gaza sont plus que jamais contestées par ceux qui, à l’étranger, évoquent «un génocide» (un terme inapproprié) dont seraient victimes les Palestinens.

En France, les occupations d’écoles et d’universités ont la bénédiction d’une formation politique qui aime à souffler sur les braises, la France Insoumise (la LFI). Le cerveau de cette organisation est l’ex-parlementaire Jean-Luc Mélenchon. Il cherche à prendre sa revanche après avoir manqué d’accéder au second tour de l’élection présidentielle à deux reprises, en 2017 puis en 2022. Il mise sur «le vote des banlieues» pour mettre toutes les chances de son côté en 2027, des mots qui désignent les électeurs d’origine maghrébine de confession musulmane.

« La République renaît de ses cendres, tel un phénix »

«La stratégie de la LFI est celle du chaos» répète à l’envi Rachel Khan. Une personnalité atypique que cette femme de 48 ans née d’une mère française d’origine juive ashkénaze de Pologne et d’un père gambien. Par sa couleur de peau, par sa profession (artiste) et par sa religion (musulmane), Rachel Khan cochait vraiment toutes les cases pour adhérer à la LFI. Mais cette black à la coupe afro a trop longtemps frayé avec l’entourage du président Macron. N’avait-elle pas joué un rôle d’experte au sein d’une commission visant à combattre le complotisme et la désinformation ?

«L’extrême gauche pensait que je lui appartenais et elle considère que je l’ai trahie», a-t-elle déclaré en présentant un essai intitulé «Encore debout».  Elle est devenue une contemptrice acharnée de Mélenchon, dont elle écrit que les siens et lui «veulent semer le chaos». Pourquoi donc a-t-elle choisi le titre «Encore debout» ? Au tout début du livre, une phrase permet d’y répondre. En l’occurrence :

La République, tel un phénix renait de ses cendres, après qu’elle soit, un instant, tombée. Elle se dresse malgré tout, face aux vents contraires et drames qui cherchent à ternir sa lumière. (…) Elle est debout mais nous sommes à bout.

Rachel Kahn soutient que «chacun peut soudain devenir une cible de l’extrême gauche mélenchoniste». Mélenchon et ses lieutenants laissent percer, dans leurs discours et déclarations, une méchanceté qui fait monter de plusieurs crans les violences de part et d’autre. Jugez plutôt : « ResKHANpée, voilà le jeu de mots, effroyable, pointé contre moi, dont se gargarise, à gorge déployée, l’antisémitisme 2.0. »,  peut-on lire au début d’«Encore Debout». 

Selon l’auteure, les gauchistes obéissent à une idéologie, inflexibles, et ils n’ont aucune idée. Aussi déconstruisent-ils la République quand, par exemple, ils refusent de qualifier de «terrorisme islamiste» les attaques du Hamas le 7 octobre.

Les troublants liens entre les mélenchonistes et les Frères musulmans

La LFI s’appuie sur tout un faisceau de forces troubles et même obscures pour accroître son influence dans les banlieues, les écoles, les universités, les médias et même les syndicats (en premier lieu la turbulente CGT.) Des spécialistes de l’islamisme ont mis le doigt sur les liens entre les mélenchonistes et les Frères musulmans, un mouvement sunnite qui prône le rétablissement du califat et qui s’oppose à toute modernisation de l’islam. En France, selon les informations diffusées récemment par des médias, il y aurait pour le moins 100.000 citoyens adhérant aux Frères musulmans.

Là où le bât blesse, dans cet essai signé Rachel Khan : elle délaie beaucoup ses propres idées. Il aurait fallu mentionner des statistiques reflétant les blessures causées dans le tissu hexagonal par les islamistes que la LFI évite de critiquer trop vertement. De même, pourquoi  – en seconde partie de son livre – consacrer autant de pages à ce qu’elle appelle « la droite dure », en réalité constituée de deux formations politiques le Rassemblement national (RN) et Reconquête, qui ont le vent en poupe? Les sondages en vue des élections européennes, le 12 juin, font état de 30 à 32 % d’intentions de vote pour le RN, 6 à 8 % pour Reconquête et 7 % seulement pour la LFI. C’est la preuve, sans doute, qu’en réalité la stratégie déployée par Jean–Luc Mélenchon ne fonctionne pas si bien.

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