Le temps s’est arrêté, les aiguilles de ma montre-vie sont au ralenti, comme celles du cadran, qui, après quelques sauts, se sont arrêtées sur 10h 15; sans me douter de rien, je savoure cette tranquillité immobile. Mais tout d’un coup, l’agenda a sonné, et par un rapide coup d’œil sur le cadran, je réalise que ma montre a peut-être épuisé sa pile.
– Mais non Madame, me dit l’horloger, c’est le mouvement qui a vieilli….
– Ah ? bon… et le mien, Monsieur ? silence, discrétion.
Je regarde alors le mouvement de mes pieds, est-ce qu’ils marchent bien? ben… pas comme avant, eux aussi sont lents, ils trottent derrière mon souffle.
Usés, mes pieds avancent mais sans pièce de rechange malheureusement.
Cette lenteur énerve.
Donc, je vis et tourne au ralenti comme les aguilles de ma montre; une voix me souffle: «patience et longueur de temps font plus que force ni que rage». Mais alors, comment retrouver la tranquillité des aiguilles immobiles? avant que, brusquement, l’agenda n’intervienne avec son chronométrage.
«Ô temps suspends ton vol»? Il me faut sortir du Chronos-mangeur de temps et trouver un autre temps, un tempo sans attente, sans peur ni calcul, porteur seulement d’une quiétude lumineuse et paisible.
Libérée du chronophage, habillée d’espace, et d’accueil, j’entre dans le tempo Divin, un temps éternel.
Et, tandis que mes aiguilles-de-chair tournent dans ce temps d’Au-delà, elles suspendent ma vie sur la confiance et l’acceptation.
C’est alors, que ce nouveau tempo, libère un sourire reconnaissant pour le présent qui marche.
Dominique Olgiati, 20 mai 2024
Illustration: Diablerets, aquarelle de Reto Olgiati, 2023.