Les médias se réveillent-ils enfin? « La malédiction du Bürgenstock, comment Volodymyr Zelenski a fait tourner la Suisse en bourrique », titre le « Blick ». Il était temps. Le président ukrainien « veut » des avions, il « veut » des milliards. Sur son alpage doré de Suisse centrale, M. Zelensky clame qu’il « veut » un « cap international » face à Moscou. Monsieur Je Veux, non content de dicter ses quatre volontés à l’Occident tétanisé, a délégué récemment à Berne un autre président, celui du parlement ukrainien. Et tant pis s’il a un prénom d’origine russe, aujourd’hui l’ennemi honni. Et tant pis si le dispositif de sécurité mis en place à l’occasion de la visite de Rouslan Stefantchouk motive un clash sous la Coupole, une bagarre entre un ténor de l’UDC et des policiers. Vexé parce que ceux-ci l’ont empêché d’entrer dans le Palais fédéral, ledit politicien aurait dû d’abord consulter le dictionnaire des prénoms. Lequel avertit: les Rouslan « sont des costauds à qui il ne faut pas marcher sur les pieds ».
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Un texte détaillé long de 17 pages… Tel est le contenu du projet de traité élaboré par la Russie et l’Ukraine, un mois après le début des hostilités. Le texte discuté le 29 mars 2022 prévoit l’arrêt des combats côté russe, en échange d’un statut de neutralité pour l’Ukraine. « La paix semblait à portée de main », souligne Benoît Bréville dans « Le Monde diplomatique » de juin 2024. Pourquoi les Ukrainiens ont-ils alors quitté la table des négociations? Parce que Washington et Londres pensaient que les Russes allaient prendre un raclée et qu’il ne fallait pas s’arrêter en si bon chemin, avance en substance le mensuel, reprenant les conclusions du Wall Street Journal » de janvier 2024. En avril dernier, le journal allemand « Die Welt » avait déjà révélé le projet confidentiel mais la presse occidentale n’avait pas jugé bon de relayer. Du haut de leur Valhalle, les centaines de milliers de victimes du conflit apprécient.
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« Jadis, l’état normal était la paix, déchirée de temps à autre par la guerre, celle du Péloponnèse ou celle de trente ans ou des sept ans… Maintenant l’état normal au cours de ce siècle est la guerre, interrompue pour de brèves périodes par quelque chose que l’on appelle paix. Une paix qui n’en est pas une, juste un entracte. » (Sándor Marai, « Journal – Les années d’exil », 12 avril 1973).
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Incomprise et critiquée de son vivant, la journaliste féministe bâloise Iris von Roten voit ses mérites reconnus aujourd’hui. Des écrits lui sont consacrés et les éloges fusent. Ainsi va la nature humaine, aveuglée par les paillettes, inconstante. Il y a toutefois une persistance intrigante dans les médias à présenter ce personnage haut en couleur, qui se suicida en 1990, sous le seul patronyme de son époux, l’avocat et politicien valaisan Peter von Roten, alors que son nom de naissance était Iris Meyer. L’anachronisme frappe d’autant plus que le couple avait adopté l’union libre. Ou bien serait-ce une marque de snobisme?
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Chante-t-elle dans sa tête « La Poupée qui non » ou l’hymne national suisse? Aucun boeuf, aucun âne, seul un pichet isotherme veille sur elle comme sur le Petit Jésus. Nous sommes sur le parking de l’avenue de la Rasude où se languit un portique romantique rongé par la mousse et le lierre. Fut-il le passage obligé pour accéder au monastère qui dominait la ville avant la pose de la voie de chemin de fer et l’érection de la gare de Lausanne? L’archéologue cantonal doit avoir son avis sur la question. Nous voyons pour notre part dans ce monument et ces objets de consommation contemporains abandonnés à ses pieds les symboles de deux mondes antagonistes et pourtant si semblables dans l’oubli qui les accable.
Christian Campiche