Elle ne perd pas une occasion de se distinguer, la Ville de Lausanne. Cette année, elle n’a rien trouvé de mieux que de proposer au commissaire général de l’agence des Nations Unies pour les réfugiés, Philippe Lazzarini, de prononcer le discours de la Fête nationale suisse. On peut s’attendre à un 1er août chaud. A l’heure où le rôle de l’UNRWA dans le conflit israélo-palestinien subit de sérieuses critiques, les messages d’indignation fusent. Le syndic Junod les rejette en bloc. Que cherche la municipalité rose-verte? Provoquer? Caresser un électorat potentiel dans le sens du poil? La question n’est pas de savoir si l’UNRWA est coupable ou pas. L’UNRWA créant la polémique, qu’on le veuille ou non, le problème est dans l’opportunité et la pertinence d’une décision qui divise la population le jour d’une date symbole dans un pays qui connut la guerre civile. On dit beaucoup de Français tentés par un exil en Suisse dans l’hypothèse où le Front populaire l’emporterait lors des élections. Gageons qu’ils seront tentés désormais de biffer Lausanne de leur carnet de destinations.
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A combien s’élèvera le salaire d’Alain Berset au Conseil de l’Europe? 215’000 euros (Blick), 235’000 francs (« La Liberté ») ou 300’000 euros (« 24 Heures »)? Francs ou euros, là n’est pas l’enjeu – les deux monnaies se valent à peu près – tant le diable se cache dans les détails. Le journal vaudois déniche en effet la perle qui fait mal au contribuable moyen: le salaire du nouveau secrétaire général est totalement exonéré d’impôt! Berset devra renoncer par contre à « une partie » de sa pension de conseiller fédéral (236’000 francs), ce qui constituerait une « bonne nouvelle » pour les finances de la Confédération. Si ce n’est que pour en être convaincu, encore faudrait-il savoir à quoi correspond cette « partie ».
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On croyait le dossier enterré pour de bon. Eh bien, non! Le projet de carrière à Lessoc ressort des tiroirs au grand désespoir des habitants de ce village au charme rupestre situé dans la vallée de l’Intyamon, en Haute-Gruyère. Il a bien caché son jeu, l’Etat de Fribourg! Longtemps il a joué à l’innocent, invitant les esprits inquiets à calmer leur appréhension. Mais c’était pour mieux sauter le moment venu! Le gouvernement n’a eu qu’à attendre le résultat de la votation sur l’énergie pour faire son coming-out: un « Plan sectoriel pour l’exploitation de matériaux » sous le signe de la « durabilité ». Un mot qui ne veut rien dire mais rassure le bon peuple. Les déclarations du Conseil d’Etat assurant qu’il incombe d’abord aux communes de décider de la mise en zone d’exploitation ne changent ne dissipent pas l’inquiétude: une vingtaine de sites, repérés en raison de leur capacité à répondre aux desiderata des promoteurs et constructeurs immobiliers, passent à la moulinette. Lessoc se trouve parmi eux. On est bien peu de chose, chantait la muse de la Rose. Surtout quand on n’a que la beauté à présenter au sabre du bourreau.
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Pinçons-nous, Assange est libre! Un rêve devenu réalité, l’événement a de quoi réjouir au-delà de toute espérance. Mais a-t-il eu le retentissement qu’il mérite dans nos journaux? Peu de commentaires ont étayé la diffusion de cette nouvelle quand même extraordinaire. Palpable, au contraire, est l’embarras des médias. Quand il ne s’agit pas de dénigrement. A se demander quelle éthique régit aujourd’hui un monde de l’information bien trop soumis aux conditionnements de la pensée unique. Lu dans le quotidien numérique infosperber, cet excellent décryptage du journaliste alémanique Helmut Scheben: « L’affaire Assange est un avertissement pour tous les journalistes indépendants. Puissent-ils toujours se rappeler les paroles de ce juge de la Cour suprême des États-Unis, partisan de la publication des « Pentagon Papers » en 1971″: Seule une presse libre et sans entraves peut dénoncer efficacement les tromperies du gouvernement. Avant tout, la responsabilité d’une presse libre est d’empêcher toutes les entités du gouvernement de tromper le peuple et d’envoyer ses enfants mourir dans des pays lointains de maladies, de balles et d’obus. »
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Dans ses propres colonnes et par abonné interposé, le quotidien « Le Temps » se livre à un exercice de sévère autocritique inédit. « Le Temps est-il en voie de ‘foxnewsification’? », fusille dans la rubrique « Opinions » Ola Söderström. Ce professeur de géographie à l’Université de Neuchâtel reproche au titre d’avoir utilisé une « réthorique outrancière » lors des manifestations pro-palestiniennes dans les campus. Une démarche qui ne correspondrait pas aux faits, créant chez le lecteur « des doutes sur l’impartialité (…) ». Le journal qui constitua longtemps une référence, l’un des « rares îlots d’investigation nuancée et sérieuse » dans un paysage médiatique qui s’effondre, « semble être en train de disparaître ». Message à peine subliminal de la rédaction destiné à une ou plusieurs personnes de la direction? Ou bien le contraire?
Christian Campiche
Lazzarini – Junod: Bon article sur Junod qui se prend pour un « Mélanchon » local…! est-il aussi un admirateur de Chavez? E.S.