« Le 21ème siècle sera religieux ou ne sera pas » : André Malraux (1901-76), ancien ministre de la culture (1959-69) sous De Gaulle. Mais a-t-il dit religieux ou spirituel ? Le 2nd terme est plus général que le 1er : il est issu de la racine latine spir, souffle de vie ou sens à donner à sa vie et il est la base de toute religion qui a deux acceptions reconnues : religere qui relie les hommes entre eux ou relegere qui pousse à la lecture et l’approfondissement des textes.
Notre monde est en quête de sens et l’hyper communication qu’offre l’internet permet à tous de se faire son chemin, son pèlerinage (peregrino marcher) intérieur. Ceci n’a pas empêché chacun de recevoir un pilier par origine ou éducation ; si 70% des Français étaient baptisés dans les années 70, il n’y en a plus que 50% (ref. Cairn) ! La laïcisation forcée de 1905 a eu son effet même si la France, fille aînée de l’Eglise reste en tête vs Belgique 40 ou Suisse 20.
Civil et religieux: si différents?
Le débat nous fait aisément renier nos origines judéo-chrétiennes en Europe mais force est de constater que l’on ne balaie pas de si vite ni la spiritualité, ni la religion et encore moins la culture et l’art qui en découle. C’est un thème parfaitement développé dans son « Invitation à la spiritualité : un pas de plus » et j’en profite pour remercier l’auteur de ce précis complet et, cependant, léger, Alexandra Puppinck-Bortoli ; elle nous initie à ses expériences sensibles.
Si la pratique des baptisés est radicalement tombée depuis Vatican II, qui se voulait réforme vernaculaire, afin de rapprocher le peuple des sacrements par l’usage de sa langue propre, on est aujourd’hui à 3% ! Inversement 97%, non pas ‘les autres’ mais comprenant ces 3%, désirent se faire enterrer à l’Eglise ; c’est le pari de Pascal que le Pape François aimerait canoniser alors que Benoît XVI en faisait déjà l’éloge, après Jean-Paul II (Foi et Raison).
Civil et religieux sont-ils si différents : liberté, égalité, fraternité n’ont-ils pas de similarité avec foi, espérance et charité ? Quel est le point commun entre piliers du mariage à la Mairie ou à l’Eglise : la fidélité ! Les jeunes ont été le terrain de prédilection des 3 derniers Papes pour rameuter les brebis perdus : création des JMJ (Journées Mondiales de la Jeunesse) il y 40 ans, rebond des vocations et catéchuménats, béatification de Carlo Acutis (1991-2006) !
Revenir à l’essentiel de la création
Ils ne veulent plus du Dieu créateur, violent et vengeur de l’ancien testament mais de cette Trinité du nouveau testament, teintée de Providence réconfortante, d’Amour rédempteur et de Souffle puissant : un P.A.S. en avant, un accompagnement encourageant, des actions constructives dans notre monde bouleversé ! Retour à Gaïa avec Laudato Si’, encyclique écolo, les rencontres annuelles d’Assise pour la paix et les œuvres caritatives mondiales…
François ne s’est-il pas fait appeler de ce prénom pour revenir à l’essentiel de la création dont on peut tous s’émerveiller et que Saint François d’Assise a merveilleusement clamé dans sa prière ? La dépouille de Carlo Acutis, jeune béatifié après une vie de cyber-apôtre précoce, ne repose-t-elle pas à Assise ? Assise n’est-elle pas lieu de dialogue interreligieux ? Tout concorde y c. la sobriété heureuse du Saint, pour faire revenir à l’essentiel du bonheur !
Monde du paraître
Si les jeunes se cherchent tant aujourd’hui dans le monde du paraître, de la séparation et de la guerre, si des mouvements divers ont parlé New Age pour unir autour de Love & Peace, si le Pape a lancé la synodalité pour réformer l’Eglise à partir des bases paroissiales, ne sont- ce pas tous des signes d’une Espérance que le même François a appelé à être le thème du Jubilé 2025… Eh oui, tous les 25 ans, on fête, dans la joie, le progrès, PAS à PAS, du Christ.
Dans son Odyssée du Sacré, Frédéric Lenoir nous fait la synthèse des 4 Millions d’années d’humanité qui ont toujours été bercées de spiritualité, de l’animisme ou du chamanisme du début, aux olympes divers puis patriarcat des monothéismes, au retour plus récent du culte de la Vierge Marie, symbole de l’équilibre masculin-féminin nécessaire. Peut-on espérer un monde meilleur, atténuer les différences et s’aimer à nouveau soi et todos, todos, todos ?
©Martin de Waziers, Bruxelles