Alors que l’on vient de fêter les 75 ans de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, où sont-ils donc passés ? Le journalisme, qui aurait pu les défendre, se contente de publier du politiquement correct alors que la politique a perdu tout sens de la droiture, laissant alors, comme victimes collatérales, les vrais gens, ceux qui peinent à rejoindre les deux bouts et subissent les tracas d’une injustice latente qui «ne doit jamais céder à l’oubli», dit l’auteur !
Le roman éponyme du titre ci-dessus aurait pu être un essai sur le monde dévoyé où nous vivons mais Christian Campiche nous livre un roman bien ficelé et facile à lire (100 pages). Savez-vous où vont vos impôts, combien d’enquêtes et procès sont truqués, à quel point la malhonnêteté est de mise actuellement ? Je pourrais personnellement sous-titrer ce texte : le mensonge au grand jour, ou, je te tiens, tu me tiens par la barbichette, le 1er de nous 2…
Vice local, vice mondial
Si nous sommes nombreux à penser que notre monde est vicié et sa rengaine très amère, le refrain en est « tout va très bien, Madame la Marquise » ! Les excès de la finance et du faire toujours plus pour avoir des fortunes et paraître au yeux du monde via les réseaux sociaux, ont bousculé la moralité. La matérialité a remplacé la spiritualité, la parade a occulté toute forme de courage, Goldgod, réseau fictif et maître du monde, n’a que faire de toute dignité !
Le canton de Vaud subit les diktats d’un groupe de dix personnages qui ont verrouillé toutes les décisions et s’adonnent aux « bonheurs du vice », « une drôle de région dont la capitale puait la corruption, crachait la concussion et l’affairisme » ! Ne peut-on pas, actuellement, en projeter les affres sur bien d’autres places mondiales ? N’y-a-t-il pas un parallèle évident à tirer ? Sans jeter l’opprobre sur l’univers, ce roman particulier est merveilleusement tissé !
Le mode Astérix
Car il s’agit d’abord et avant tout d’obtenir réparation pour une injustice fondamentale qu’a subi un agriculteur qui, sans se donner la mort, aura vécu un enfer après avoir tout perdu de par l’acte frauduleux de l’un des dix, qui, lui-même, sera confondu par le héros du roman ! Justice rendue ? Si l’homme ne sait plus tirer les leçons de ses erreurs, il y a quelque part une providence qui peut venir compenser les déviations provoquées par haine et violence.
L’auteur aime à rejouer le mode Astérix en nommant le lanceur d’alerte, Dipsroth, l’acteur Demidieu, la présentatrice télé Virusse, RBNB le magnat de l’immobilier locatif ou Shark la Ministre. Il a cet art de broder le sérieux de fait avec une ironie taquine, des faits divers en un roman bien ficelé, le thème de la réparation avec des appels à la raison… Ces derniers sont-ils entendus à l’heure d’une censure dissimulée et de journalistes passés de l’autre côté ?
Nouvelle féodalité
Nous est née une nouvelle féodalité, dit-il, dont l’élévation morale est réduite. Et d’ajouter que «l’humanité est composée de millions d’autruches rivées à leur train-train quotidien», «ses lacunes fondamentales sont sa courte vue et son manque d’altruisme, des défauts qui font de chaque individu le principal artiste de sa propre perte» ! Personnellement, je ne peux qu’acquiescer à ces propos parfaitement résumés mais, alors, comment doit-on procéder ?
L’accompagnement humain vers un monde droit et juste ou n’est-ce qu’un vœu pieu à l’ère de la matérialité à outrance, mère de tous les vices ? Le retour de la miséricorde telle que celle accordée à certains fous ou illuminés ? La relaxe pour certaines fautes à condition que la personne incriminée accepte sa propre repentance ? Ou est-ce cette manie plus récente de vouloir reconnaître des crimes contre l’humanité, en demandant pardon aux victimes ?
Notre auteur y va fort en posant : «la démocratie ne serait-elle qu’un immense alibi, terreau des tyrannies ? Pourquoi fallait-il que les peuples soient aveugles à ce point?» Ne sommes- nous pas pris dans les mailles tentaculaires d’un système véreux où tout accable l’individu courageux? Il fait référence à l’âpreté de la morale biblique qui donnent raison aux forts et aux rusés… Mais, comment peut-on faire pour qu’ils agissent alors pour le bien commun?
©Martin de Waziers
“Lynchage à Nonfoux” de Christian Campiche, Editions Mon Village, 108 pages. En vente dans les librairies au prix de CHF 15.-. Diffusion en Suisse, France, Belgique, Luxembourg.