« Le soleil me permet de voler mais aussi d’investir ». Paroles d’aventurier au temps des affaires qui roulent mais qui perd le nord. Bertrand Piccard ne comprend pas ce qui lui arrive depuis la déconfiture de Prime Energy Cleantech, l’entreprise active dans la vente d’obligations vertes, dont il était l’ « ambassadeur » rémunéré. Aujourd’hui il avoue le sentiment d’avoir été dupé ainsi que sa honte devant des centaines de petits épargnants. Ceux-ci ont perdu leur mise dans le bouillon financier de l’année: un trou de 100 millions! A visage découvert devant les caméras, ces tondus témoignent de leur impuissance et colère. Une plainte pénale a été déposée à Bâle, siège de l’actionnaire majoritaire de l’entreprise, l’homme d’affaires bâlois Laurin Fäh. Intéressant est le traitement de l’affaire par les médias dont la plupart taisent les noms des responsables, alors que le site de l’entreprise a été placé officiellement « en maintenance ». Des informations ont manifestement été « oubliées » ailleurs, comme sur le site de Prime Energy Technics, société partenaire. Domicilié à Annemasse, le PDG est le co-fondateur d’une petite maison horlogère et sponsor d’un tournoi de golf de la région lémanique. Il y a quelques jours, Bertrand Piccard affirmait lui garder sa confiance.
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Le toit de la gare de Novi Sad, deuxième ville de Serbie, s’est effondré, entraînant la mort d’au moins 14 personnes. Les blessés graves sont innombrables. Un deuil national a été décrété dans le pays. Des doigts accusateurs pointent la négligence, la gare ayant subi moult travaux suite à l’ouverture d’une ligne directe entre Belgrade et Budapest. En Hongrie, justement, la presse nationale fait la une de la tragédie, la Voïvodine, dont Novi Sad est le chef-lieu, comptant une minorité hongroise importante.
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Suite aux élections en Georgie, le premier ministre de Hongrie s’est rendu immédiatement à Tbilissi pour congratuler le gagnant, le parti pro-russe au pouvoir. La démarche n’a pas manqué d’être critiquée à Bruxelles dont la présidence otanophile ne cache pas sa sympathie pour l’opposition. On ne peut que conseiller à cette instance de revoir ses tablettes. La Hongrie joue un rôle non négligeable dans la sécurité de la Géorgie, pays dans lequel elle envoie l’un des plus gros contingents de la mission d’observation de… l’Union européenne, forte de 200 personnes environ.
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A priori, la guerre n’est pas un modèle de société, les destructions ne sont pas forcément un bon plan pour les jeunes générations appelées à aller de l’avant. Voilà pourquoi, dans l’idéal, la paix devrait correspondre aux aspirations humaines. Et la paix, il est grand temps qu’on en parle! 80’000 personnes ont manifesté pour la paix dans les rues de Rome, Palerme, Milan, Cagliari, Turin, Bari, Florence. En Suisse, on ne défile pas à proprement parler derrière le drapeau blanc mais une initiative populaire circule depuis le mois de juillet 2024, demandant une adhésion au Traité d’interdiction des armes nucléaires. Ces mouvements pacifistes ne sont pas vains mais demeurent une goutte d’eau dans l’océan de l’incompréhension et d’une relative indifférence. Les guerres en Ukraine et à Gaza arrachent des larmes dans les foyers mais ces manifestations d’empathie ne sont pas suivies de propositions constructives dans les médias qui donnent le ton. La revue de la presse européenne réalisée quotidiennement par l’agence gouvernementale allemande eurotopics traduit au contraire une mentalité journalistique singulièrement immature, traitant de manière manichéenne le duel que se livrent les candidats à la présidence américaine. La perspective de voir Trump revenir au pouvoir fait froid dans le dos, commente tel journal belge, comme si le diable n’appartenait qu’à un seul camp.
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La gaffe de Biden. Pour l’actuel locataire de la Maison Blanche, les électeurs de Trump sont des débiles. Arrogance de l’élite, fracture sociale, voilà à quoi se réduit désormais la démocratie. Les campagnes électorales se transforment en matches de catch où l’essentiel n’est pas de présenter une vision, un programme destiné à améliorer les conditions de vie des peuples, mais de diaboliser l’adversaire.
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L’électricien fribourgeois Groupe E installera des compteurs « intelligents » chez ses clients. Ce qui signifierait, a contrario, qu’à ce jour les compteurs étaient tous bêtes. Comment avons-nous pu vivre si longtemps de la sorte? Comment avons-nous pu payer 500 francs ou davantage sans savoir si cette somme correspondait à la réalité? De fait, idiot ou génial, le compteur parvient au même total. A l’heure où l’intelligence artificielle a l’ambition de remplacer la bêtise naturelle, c’est une bonne nouvelle, quand même.
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M. Cassis snobe les médias. Il ne leur a plus accordé d’interview depuis un an. « Il a fait de mauvaises expériences avec la presse », s’entremet un ténor radical dans « Le Temps ». Quelle drôle de réponse! Le chef de la diplomatie a-t-il de bons conseillers en communication? Ils devraient le convaincre de la nécessité d’expliquer sa politique coûte que coûte! Craindre l’impopularité, se draper dans le mutisme n’est pas une solution quand on exerce une fonction aussi exposée que celle de conseiller fédéral. Une solution existe, si le politicien craint de déraper sur certains sujets comme l’Europe: déléguer l’information à ses proches collaborateurs, au lieu de la monopoliser. Autrefois des Blankart, des Brunner brillaient de mille feux dans les enceintes internationales. Ils sauvaient la mise car on les laissait exprimer leur compétence. Epoque révolue, tuée par l’ego et l’autocratie rampante.
Christian Campiche
Voilà des réflexions utiles à propos d’informations diverses; qu’il est bon de lire qu’un chat est un chat, et que la paix reste un effort constant, exigeant, particulièrement dans un monde où l’engagement devient bien trop souvent opportuniste… Merci de ce regard lucide un lundi matin!