AI ou le nivellement par le bas

PAR MARTIN DE WAZIERS

Psychologie des foules, tel est le titre d’un ouvrage qui fit la renommée de Gustave Le Bon, psychologue et sociologue français reconnu pour son expertise qu’il pourrait résumer en : « Dès qu’une personne rejoint un groupe, son QI diminue considérablement. Afin d’être reconnus, les individus sont prêts à abandonner le bien et le mal et à utiliser leur QI en échange d’un sentiment d’appartenance qui leur permet de se sentir plus en sécurité. »

Les évolutions scientifiques et techniques nous ont offert des capacités insoupçonnées. Si l’on prend l’iPhone, qui donne l’illusion d’une liberté sans limite via connexion permanente au monde entier et accès au savoir inépuisable, nous sommes devenus formatés en efficaces travailleurs, dociles consommateurs et zombies ambulants ! Sujets à la théorie de l’absurde qui se cache derrière le métro-boulot-dodo, peut-on donner du sens à la vie et à l’Univers ?

Se plier au politiquement correct

Les informations en tout genre instillées en permanence viennent altérer notre discernement. Notre manque d’esprit critique nous interdit de nous indigner, ou alors de nous émerveiller… Pour correspondre aux canons de la société, il importe de rester connecté, d’enfouir toute forme d’interrogation, de supprimer tout espace de silence en nous. L’important est de se plier au politiquement correct et d’aller chercher, dans le FOMO, un accord avec l’autre.

Omraam Aïvanhov disait qu’au lieu de fournir à l’humanité du confort et des armes pour favoriser ses instincts de paresse et d’agressivité, la science devrait orienter ses recherches vers les facultés spirituelles. Les scientifiques peuvent-ils être heureux et fiers d’avoir donné aux humains tellement de moyens pour mieux se détruire ? Et avant d’en arriver à se détruire complètement, ils sont en train de perdre leurs facultés physiques et psychiques.

On parle de progrès…

Avec tous ces appareils qui nous dispensent des efforts, on parle de progrès, mais en réalité ce n’est qu’affaiblissement et appauvrissement. C’est pourquoi de plus en plus de penseurs, et de scientifiques même, commencent à douter que tout ce progrès technique contribue au bien de l’humanité. Cela ne signifie pas qu’on dusse arrêter le progrès car l’homme est voué à faire des recherches. Mais ces recherches doivent être orientées vers le haut, notre esprit.

On ne peut nier le progrès si l’on parle de l’accélération de l’évolution de l’économie depuis la Renaissance, dans les cinq phases désormais reconnues : agriculture, industrie, service, informatique, connaissance. Dans mon enfance, il restait 40% d’emploi agricole, aujourd’hui 4%, un dixième, au profit du développement de plus en plus rapide des nouvelles ‘tech’ dont l’AI. Rassurons-nous, il nous restera toujours 20% dans la fonction publique (moy. OCDE) !

L’intelligence n’est pas que connaissance

Même cette dernière est en danger si l’on interprète la folie de l’intelligence artificielle. Sera-ce comme la 1ère fibre semi-synthétique qu’on appelait la rayonne ou, plus communément, la soie artificielle et qui a failli totalement supplanter la soie naturelle. Heureusement, certains se sont raccrochés à la nature plutôt qu’à la chimie. Alors, avez-vous vérifié sur ChatGPT votre texte avant de le soumettre à votre audience ? Ou bien, faites-vous confiance à la nature ?

Dans le film ‘2001 l’Odyssée de l’Espace’, l’ordinateur de bord HAL 9000, machine douée de conscience qui commande toutes les fonctions du vaisseau Discovery One, sera arrêté et projette l’homme dans sa réalité ! Il ne devra ni ne pourra jamais faire qu’apporter toute sa connaissance à la machine mais il lui faudra toujours rester aux manettes ! Car l’intelligence n’est pas que connaissance, c’est aussi ressenti et intuition, puisant dans d’autres sphères.

Le Baccalauréat français qui marque la fin du secondaire a explosé son taux de réussite de 64% à 92% en 40 ans : logique ? Et pour apprendre quoi ? Maths et langues ! Ne réduisons pas les générations au nivellement par le bas, l’intelligence artificielle trop facile à interroger, alors qu’il faut apprendre, ressentir, intégrer nul autre que la relation humaine, base de leur bonheur : un bonjour, un sourire, de l’intérêt… «inter est» en latin, être au milieu des autres.

©Martin de Waziers

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