MÉDUSÉMENT VÔTRE – Mini-krach boursier, qui s’en met plein les fouilles?

Un mini-krach boursier a suivi la déclaration, par Washington, d’une guerre commerciale tous azimuts. De gros malins dans le secret des dieux et au courant de l’ampleur de la décision ont-ils profité de l’occasion pour s’en mettre plein les fouilles en concluant des contrats à terme? Si c’est le cas, ils risquent gros aux Etats-Unis. Jusqu’à 20 ans de prison. Même s’il y a belle lurette que l’on n’a plus entendu parler de condamnation pour délit d’initié. Au pays du rodéo comme ailleurs, on achète bien les chevaux.

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Le fait du prince. Au lendemain de la guerre, les Etats-Unis instituaient un ensemble d’enceintes destinées à façonner à leur image la gouvernance mondiale. L’Organisation mondiale du commerce était de celles-là. L’offensive douanière de Trump remet ce modèle en question. Et le Japon, sonné, invoque une violation du droit international. Deux remarques: primo, les Etats-Unis changent les règles d’un jeu qu’ils ont créé, rien de surprenant à cela. Deuzio, on se demande bien ce qu’il adviendra de l’OMC et de son siège à Genève. Quand Mme Calmy-Rey était aux Affaires étrangères, 130 millions y avaient été investis dans son agrandissement.

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Hormis une ou deux exceptions, les médias helvétiques n’ont rien publié sur le paquet douanier de Donald Trump au lendemain du dépôt de sa bombe douanière. En cause: une annonce tardive aux Etats-Unis, incompatible avec les horaires d’impression. Ce que relève avec pertinence le journal numérique infosperber, nous l’avions déjà vérifié concernant d’autres événements, sportifs, notamment. En nous basant, par exemple, sur ce désolant aveu de la rubrique sportive du « Matin Dimanche »:

En raison de la réduction de nos délais d’impression, les matches en soirée ne peuvent plus être couverts dans ce journal.

Résultat: pour obtenir une information dans un délai convenable, le citoyen ne peut plus compter que sur la version numérique des journaux. Un signe de plus de la fin prochaine de la presse papier.

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La Hongrie plaque la Cour pénale internationale. Deux Etats l’ont déjà précédée: le Burundi et les Philippines. D’autres pays ne reconnaissent pas la compétence de la CPI. Parmi eux, les Etats-Unis, particulièrement déchaînés contre la CPI depuis l’arrivée de Trump, la Chine et l’Arabie Saoudite. On ne comprenait pas pourquoi ce dernier pays accueillait toutes les dernières réunions visant à signer une paix ici ou là. Dans le fond, tout s’expliquerait: comme cela, Netanyahu et Poutine pourront y poser les pieds.

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« Hamas terroriste ! » : à Gaza, les manifestations se multiplient avec la menace de représailles contre leurs leaders, titre « Marianne« , rejoint notamment par « L’Express« . Ces magazines relaient un sondage de l’institut palestinien PSR, réalisé avec l’Université d’Oxford, révélant que seuls 20% des Gazaouis soutiennent encore le Hamas. Silence dans les médias suisses.

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« Furieux contre Poutine, Trump s’en prend maintenant à Zelensky », titre le Blick. Prochaine étape: une réconciliation – potentiellement explosive – entre Moscou et Kiev? Après tout les Ukrainiens se souviennent qu’ils furent, longtemps, les alliés des Russes. Davantage, même: leurs cousins.

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Budapest, 28 mars 2025. Dans le cadre grandiose du Palais des Arts de la capitale hongroise s’est tenu un concert exceptionnel. L’Orchestre symphonique MÁV sous la direction de Gábor Takács-Nagy interprète la Neuvième Symphonie de Beethoven. Photo infoméduse

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La NZZ goûte avec méfiance au papet de l’affaire Dittli. Tandis que, selon un sondage en ligne « non représentatif » réalisé sur les sites des journaux Tamedia romands, la moitié des lecteurs ne voudrait pas que Valérie Dittli démissionne, la « Vieille Dame » n’exprime aucun doute: la ministre vaudoise doit s’en aller! En pétard avec ses collègues, l’ex-cheffe des finances s’accroche à son siège, une attitude qui nuit à la bonne marche gouvernementale, donc aux intérêts du canton. Voilà ce que dit en substance un journal… zurichois. Dans la presse locale, seul le gratuit « Lausanne Cités » ne prend pas un ton alambiqué pour s’interroger sur le rôle du Conseil d’Etat vaudois: l’ex-cheffe des finances vaudoises a

certes commis des erreurs graves. (…). Mais en laissant pourrir une situation où la directrice générale de la fiscalité a, durant plusieurs mois, entravé le travail de la centriste (ndlr: Valérie Dittli) par une inadmissible rétention d’information (…), l’exécutif vaudois démontre ici, comme dans tant d’autres dossiers, son absence de courage politique.

Une analyse sans conteste plus crédible que le paravent que constitue une fumeuse consultation de lecteurs.

Christian Campiche

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6 commmentaires à “MÉDUSÉMENT VÔTRE – Mini-krach boursier, qui s’en met plein les fouilles?”

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    Christian Lecerf 8 avril 2025 at 10:48 #

    Viktor Orbán se distingue comme un extrémiste de droite au sein de l’Union Européenne. On me dira qu’il a été élu démocratiquement… comme un autre le fut en Allemagne dans les années trente avec les conséquences que l’on connaît.
    La sortie de la Hongrie de la CPI montre le peu de cas que font les autocrates du droit international et du droit tout court. Et le message de soutien du dirigeant hongrois à Marine Le Pen, pauvre victime innocente des méchants magistrats à la botte du pouvoir, est la confirmation que le populisme gagne du terrain en Europe. Sans une opposition crédible, pragmatique et puissante, il sera trop tard.

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      Christian Campiche 8 avril 2025 at 12:41 #

      Il y a quand même une différence de taille: la Hongrie, un petit pays malmené par l’histoire et surtout la connaissance historique, n’est pas une puissance militaire. Elle ne menace personne. Quel rapport avec l’Allemagne des années 30?

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    Christian Lecerf 8 avril 2025 at 14:54 #

    Cette comparaison avec l’Allemagne des années trente avait uniquement pour but de montrer qu’un dirigeant élu démocratiquement peut parfois tout se permettre. J’ignore quels sont les contre-pouvoirs en Hongrie mais, par exemple, la sortie du pays de la CPI a-t-elle été approuvée par le parlement ?

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      Christian Campiche 8 avril 2025 at 15:20 #

      D’accord, mais je réagissais par rapport aux conséquences. On ne peut pas comparer des noix et des bananes… Pour répondre à votre question, je doute que le parlement hongrois ait approuvé la sortie de la CPI. Je ne suis pas spécialiste en droit international mais l’application de la CPI laisse de toute façon grandement à désirer, ses effets sont décevants, ce qui permet de croire que les gouvernements ont une grande latitude en la matière.

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    Christian Lecerf 8 avril 2025 at 15:28 #

    Aí trouvé une réponse sur Meta AI :

    Le retrait de la Hongrie de la Cour pénale internationale (CPI) n’a pas encore été approuvé par le parlement hongrois. La décision de se retirer de la CPI a été annoncée par la Hongrie après l’émission d’un mandat d’arrêt par la CPI à l’encontre d’un dirigeant israélien pour « crimes contre l’humanité et crimes de guerre » ¹.

    Pour que le retrait soit effectif, il nécessite l’approbation d’un projet de loi par le Parlement hongrois, suivi d’une notification formelle au secrétaire général de l’ONU. Le retrait prendrait effet un an après cette notification ¹.

    Il est important de noter que la Hongrie reste tenue de coopérer avec la CPI, même après son retrait ¹.

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      Christian Campiche 8 avril 2025 at 16:23 #

      Intéressant! Aux juristes de jouer!

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