PAR ZHENISHBEK EDIGEEV
Être migrant n’est pas une souffrance, la vraie souffrance, c’est de rester allongé en attendant que tout tombe du ciel…
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Si la tâche n’est pas accomplie, ce n’est pas par manque de force, mais d’amour.
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Le migrant
Ce migrant, c’est moi-même ! Un migrant parmi des milliers de migrants.
Un jour, sans crier gare, une douleur intense s’en est prise à mon estomac. J’ignorais son origine, reste qu’elle était belle et bien là… Le hasard, ou la chance, me fit rencontrer la réponse au cours d’une balade au bord du lac. Elle me vint d’un ami, un migrant comme moi, un médecin bulgarie qui en avait beaucoup vu, beaucoup vécu et savait que les émotions peuvent terrasser une âme. J’avais mal à l’âme, me fit il comprendre. Nous nous sommes assis côte à côte sur la berge et nous avons longuement regardé les vagues. Je me suis confié. Je savais qu’il me comprenait. Son diagnostic fut clair. Mon estomac n’était pour rien dans mon malaise. J’avais quitté ma terre et ma nouvelle terre, elle, n’était pas encore la mienne… Je voguais entre deux réalités. Je me suis alors accroupi pour prendre une poignée de terre, comme mon ami me le conseillait, et j’ai dit merci au pays qui m’a accueilli.
Ma douleur a disparu.
Cette chronique contient des nouvelles, aphorismes, histoires vraies et autres récits écrits entre l’âge de 15 et 35 ans sous la forme d’un journal par le journaliste et écrivain genevois d’origine kirghize, Zhenishbek Edigeev. Un premier tome des “Cahiers bleus” a été publié en 2022.
Très beau : avec force et simplicité exprime la vérité de son emotion!