Faudrait-il placer le canton de Vaud sous tutelle? La question n’est jamais soulevée où que ce soit, et pour cause. Une telle mesure serait de nature à causer un souci inédit à la Suisse tout entière. En fait la Constitution fédérale semblant muette, la réponse n’existe pas. Sur la toile, il n’y a que l’intelligence artificielle qui vous vient au secours:
Oui, dans certains cas, un canton peut être placé sous tutelle financière par un autre canton ou par la Confédération si son équilibre financier est menacé ou si son administration est en difficulté.
Fiable, cette source? En tout état de cause, l’IA donne ses raisons. Une procédure de tutelle se justifierait par « une menace pesant sur l’équilibre financier » ou une « difficulté mettant en cause la bonne marche du gouvernement cantonal ». Ces conditions ne sont-elles pas réunies depuis l’éclatement de l’affaire Dittli? En mettant son nez dans le dossier des privilèges fiscaux concédés à de gros contribuables entre 2009 et 2022, l’ex-responsable des finances cantonales s’affirme finalement comme une lanceuse d’alerte répudiée par ses pairs.
Tandis que le Conseil d’Etat a mandaté un audit externe, le principal intéressé, celui qui tenait les rênes des finances vaudoises pendant les années fatidiques, « se mure dans le silence », pour reprendre les termes du « Matin Dimanche ». Tôt ou tard, il faudra bien pourtant que Pascal Broulis, tout député vaudois à Berne qu’il est, affronte la meute. Dans l’intérêt de ce beau Pays de Vaud dont l’hymne, chanté par les spectateurs lors de chaque match à domicile livré par le Lausanne-Sport, s’achève ainsi:
Que dans ces lieux règne à jamais l’amour des lois, la liberté, la paix!
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Intimidés, des journalistes ne peuvent pas exercer leur métier correctement dans la bande de Gaza, déplore le Comité pour la protection des journalistes CPJ, une organisation basée à New York. Des correspondants de journaux arabes racontent les coups et menaces qu’ils ont reçus de la part de la police du Hamas parce qu’ils ont tenté de couvrir des manifestations critiquant et contestant ce mouvement. Comment, dans ces conditions, se faire une idée de l’évolution véritable des événements?
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« En France, on passe de l’automobile à l’obus ». Tout est dit dans ce titre du « Temps ». Pour sauver une industrie qui périclite, rien de tel qu’une reconversion grâce au budget militaire. Françaises, Français, aux armes! Face à la Russie menaçante, formez vos bataillons!
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Voyant Trump brandir, mitraillette en main, un décret douanier, Ursula saute dans les bras de Xi. Au début du mandat du président américain, le dessinateur du « Temps » ironisait sur la prétendue bêtise de l’hôte de la Maison blanche. C’était bien mal connaître ce dernier. Il n’a pas fallu plus de quelques semaines pour que Pékin et Washington remettent les pendules commerciales à l’heure. Sur Facebook, l’influenceur genevois Laurent Puzeaux plante ses aiguilles de matador: « Ce pauvre Chapatte était dupe de la mystification de Donald Trump. Il pensait – ô aberration géopolitique – que l’Europe se rapprocherait de la Chine. »
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Ursula dans les bras de la justice, cette fois. L’affaire est grave mais la presse préfère s’étendre sur les violences sexuelles de Depardieu et n’accorde que très peu de place à la décision du Tribunal européen de donner une suite aux sms litigieux échangés entre la présidente de la Commission européenne et le patron de Pfizer à l’époque où le vaccin était roi. Le New York Times pourra avoir accès à ces documents. Accrochons-nous, l’heure des révélations est proche!
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Quand des historiens débattent d’un sujet controversé tel que le rôle de la Suisse pendant la Deuxième Guerre mondiale, cela produit forcément des étincelles. Dans la page « Opinions » du quotidien « Le Temps », le Genevois Christophe Farquet ouvre les feux en blanchissant la patrie de Dunant: la Suisse n’a pas cherché à éviter une invasion allemande en planquant l’or volé par Berlin. Il s’agit d’un « mythe éculé ». La Suisse a d’abord servi ses intérêts économiques de manière très pragmatique. Quelques jours plus tard, un autre Christophe, Vuilleumier, cette fois, prend le contrepied de cette théorie à ses yeux « ambiguë, créant un sentiment de malaise »: la Suisse a bel et bien aidé l’Allemagne à se procurer des devises destinées à financer ses campagnes militaires. Deux défaiseurs de mythes se faisant des procès d’intention. Quel juge suprême s’avisera de les départager? L’histoire, ce roman du passé (Georges Duhamel).
Christian Campiche



Concernant la brève « Fiable ces sources… » il est étonnant que les journalistes se contentent d’informations venues d’une seule source, celles données par le Hamas sans se poser la question de leur crédibilité…Annoncer que l’information est le «ministère de la santé» du Hamas ne la rend certainement pas plus fiable ! Avoir négligé ou même refusé d’autres sources, fait partie d’une démarche militante, donc peu fiable, et même mensongère. La presse mainstream suisse romande est souvent le triste exemple de cette désinformation.
E.S.
Juste ce petit mot pour vous dire mon plaisir et respect pour votre engagement. Votre édito de ce jour est particulièrement percutant.
Félicitations avec mes plus cordiales salutations.
Jean-Marcel Schorderet, Porrentruy
Le Grand Conseil a constaté qu’il y avait un problème avec le bouclier fiscal 2022-2024.
Il a voté une nouvelle mouture avec effet rétroactif au 1er janvier 2022 pour les périodes fiscales encore ouvertes.
Pour une question d’égalité de traitement entre contribuables, madame Dittli a demandé à l’administration s’il était possible de corriger des taxations 2022-2024 entrées en force et qui pourraient être concernées par la mouture 2025 du bouclier fiscal.
Toute personne dotée du sens de la marche de la Cité (Polis) en aurait fait de même. Se renseigner pour comprendre.
Il n’y a pas que le bouclier fiscal, il y a aussi la tenue de la comptabilité du canton – elle est héritée du prédécesseur de madame Dittli.
Comment un canton dans les chiffres rouges arrive à rembourser ses créanciers à hauteur d’un demi-milliard?
A ma connaissance, le canton n’a pas cédé ses participations BCV ou Romande Energie pour rembourser ses dettes.
Le canton a réalisé en 2024 un bénéfice de CHF 500 millions au moins (pour rembourser ses dettes).
Frédéric de le Court, avocat-fiscaliste