1979, quand l’extrême gauche française soutenait l’ayatollah Khomeyni   

Dans un article intitulé « De Téhéran 1979 à Téhéran 2025 : quand l’islamo-gauchisme retourne au bercail », l’Institut de recherches économiques et fiscales (IREF), un “think tank“ libéral français rappelle que l’extrême gauche soutient depuis longtemps l’islam radical. Pour preuve, Libération affirmait en 1979 que l’ayatollah Khomeyni était un homme de gauche, défenseur de la laïcité…   

PAR IAN HAMEL

Christophe de Voogd, spécialiste des idées et de la rhétorique politiques, écrit que pour les anciens marxistes « les musulmans ont remplacé les prolétaires occidentaux comme nouveaux “damnés de la terre“ et sont devenus la cible électorale privilégiée de l’extrême gauche ». Une extrême gauche qui voudrait dorénavant incorporer les « masses musulmanes dans la grande épopée révolutionnaire ». Pour preuve : lors de la révolution iranienne de 1979, les communistes du Toudeh et les Moudjahidines du peuple seront des acteurs clés pour renverser le Shah, et mettre au pouvoir l’ayatollah Khomeyni, « avant d’être très vite pendus aux gibets de la Révolution ».  

Cela n’a apparemment pas servi de leçon puisqu’une partie de l’extrême gauche occidentale continue d’apporter aujourd’hui son soutien sans réserve à une dictature qui opprime les opposants, les femmes, les minorités, les homosexuels. L’ouvrage « Histoire de l’islamisation française. Quarante ans de soumission », nous rappelle les divagations du quotidien Libération en 1979, qui est allé jusqu’à prétendre qu’il s’agissait d’une révolution laïque et socialiste… (1). Le quotidien de gauche titrait : « Iran : le chiiito-socialisme des khomeynistes ». Il défendait des « chiites gauchistes » qui voilaient des « femmes iraniennes comme un symbole de lutte ».   

Khomeyni était « un vieux saint »   

La joie fait dorénavant « son entrée à Téhéran » quand on entend « une musique pure, fondamentale, venue des origines, belle comme le chant des loups. Allahou Akbhar », raconte le quotidien. Serge July, le patron de Libération, va jusqu’à raconter que la religion chiite « n’a pas de hiérarchie centrale qui désigne, sélectionne, élit ses chefs et s’auto-désigne. La base religieuse est seule souveraine ». Alors que contrairement au sunnisme, le chiisme impose, au contraire, une hiérarchie, le guide suprême étant au-dessus du président de la République islamique d’Iran.     

Le plus grave, c’est que depuis Paris, les dirigeants du journal censuraient leurs correspondants en Iran qui, eux, en revanche, dénonçaient les exécutions sommaires, les viols, la torture, le sadisme des religieux « et le délire de la foule déchiquetant les corps des suppliciés pour qu’ils ne souillent pas la terre d’islam ». Les délires de ce journal d’extrême gauche (à l’époque) n’atteignaient toutefois pas les divagations du philosophe Michel Foucault. Selon lui, l’ayatollah Khomeyni était « un vieux saint », le seul à bénéficier dans le monde entier d’« un attachement aussi personnel et aussi intense ». Et la Révolution de 1979, était « la première grande insurrection contre les systèmes planétaires, la forme la plus moderne de la révolte la plus folle ». Quant à l’islam ? C’était « le souffle d’une religion qui parle moins de l’au-delà que de la transfiguration de ce monde-ci ». 

Délire, quand tu nous tiens, tiens, tiens… pour ne pas désespérer Saint-Germain-des-Prés et les gauchistes de la Suisse romande.

(1) Éditions L’Artilleur, 2023. 

Qom, ville sainte d’Iran, à 150 kilomètres au sud-ouest de Téhéran. Photo DR

   

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