Pourquoi attendre toute une vie pour inscrire cette force incroyable qu’est la paix intérieure, dans notre cœur ? Pourtant, ayant accompagné de nombreux malades et handicapés, y c. en soins palliatifs, j’ai vu les ravages d’un cœur endurci par la souffrance quotidienne, car la vie est alors scandée par des épreuves à répétition. Mandela disait : je n’ai jamais perdu, ou j’ai gagné ou j’ai appris ; 27 ans d’emprisonnement, couronnés par un Prix Nobel de la Paix !
On se souvient de son sourire resplendissant qu’il arbore déjà dans les combats, dès 25 ans, lorsqu’il entre en politique, contre la domination blanche et la ségrégation raciale en Afrique du Sud ! Et si la 2ème paix intérieure qu’il avait instaurée était celle du pays, il l’a d’abord prise pour lui, dans ses longues années de bagne qui, on le sait, peut pousser au développement personnel, gage d’un mieux-être holistique. Tous les blessés de la vie peuvent l’acquérir !
L’exemple de Philippe Pozzo
L’inconfort et le renoncement n’empêchent en rien la joie qui participe de la paix intérieure. Un bel exemple est celui de Philippe Pozzo, le touchant intouchable, qui l’avait acquise ! Et, je citerai aussi un homme en fin de vie, à qui l’on avait donné une maigre espérance, 3 mois. C’était assez de temps pour lui permettre de récupérer ce calme dont il avait tant besoin ; il a vécu une forme d’euthanasie sans recourir à un produit létal : il était alors en paix intérieure !
Mais le conflit étant un mode de vie dans le monde actuel de permacrise, on a tendance à se durcir par réflexe défensif. Et pourtant, il est possible de transformer notre cœur de pierre en cœur de chair à commencer par s’aligner à nouveau dans cette verticalité, ancrée en terre et connectée au ciel. De l’instinct animal, celui de la survie, à l’inspiration méditative, celle qui encourage le souffle de vie et la définition de son sens, il faut ouvrir ses bronches et respirer.
Hiroshima, Nagasaki
Combien de temps passe-t-on, en vacances, à simplement se promener, s’émerveiller face à l’océan, la montagne ou la forêt ? La paix intérieure passe par ces moments de relaxation où l’on échappe volontairement à la pression du quotidien et se permet de prendre tout le recul salutaire pour se détendre, se reposer et se ressourcer. Mais, le FOMO aidant, sollicitations à l’appui, nous voilà déjà dans l’activité suivante et le carrousel épuisant de la distraction.
Les 6 et 9 août 1945, deux bombes atomiques tombaient sur Hiroshima et Nagasaki. C’était voilà 80 ans que les Etats-Unis ont ainsi obtenu la paix inconditionnelle du Japon qui, depuis, est calme. Moyen rude et remis en cause, alors que l’on parle d’éliminer l’arme nucléaire de la face de la terre ! Non, la paix intérieure ne se gagne pas par un choc mais pas une œuvre douce et étalée dans le temps ; c’est ainsi que l’on assure sa mise en place et sa continuité.
Prendre soin de son intériorité demande courage, le cœur à l’ouvrage, et bienveillance à son égard. Démocrite, philosophe grec, est le 1er à avoir parlé d’ataraxie : absence de trouble et tranquillité d’âme. Pour cela, cette dernière doit se maîtriser au prix de sagesse acquise soit par la modération des plaisirs, disait Épicure, et Sénèque, le grand stoïcien, d’en rajouter en disant : on tombe à la merci de la fortune, dès qu’on cherche, au dehors, quelque part de soi.
Gratter au fond de la mine
Il s’agit donc d’aller gratter au fond de la mine pour trouver le diamant en soi, et d’étouffer les impuretés pour permettre à la perle que nous sommes d’acquérir sa beauté, métaphores qui parlent bien de ce souci de creuser dans l’ombre dont parle Carl Gustav Jung. Il n’y a pas de lumière sans ombre et pas de totalité psychique sans imperfection ; la vie nécessite pour son épanouissement non pas de la perfection mais de la plénitude. Il faut donc travailler sur soi !
Deviens qui tu es, disait Nietzsche. Soyons comme ces vrais gens que l’on toise du haut de sa superbe, prétention oblige. Si l’on peut donner dans le paraître avec Instagram et autres réseaux sociaux, cela n’aura qu’un temps et ce temps est parfaitement compté. St-Paul dit que l’homme extérieur s’en va en ruine, l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour… Il n’est jamais trop tard pour aller chercher sa paix intérieure : alors, qu’attendons-nous ?
©Martin de Waziers


