Alignés dans un espace défini par l’Histoire,
Les immeubles du Campo
Ont confisqué le temps,
Pour éviter qu’il ne s’échappe
Et contredise ses propres verdicts.
Rehaussées,
Serrées les unes contre les autres,
Les maisons se réchauffent
Aux temps solidaire
D’un hiver vénitien qui les enveloppe
Davantage encore.
En ligne resserrée et docile,
Leurs portes d’entrée
Offrent une échappée belle
Sur la grande place,
Où les arbres dénudés
Ainsi que la grisaille
Tempèrent les couleurs
Au bénéfice d’une subtilité étrangement vive.
Après la pluie,
Les pavés s’avancent vers le regard,
Illusion d’un possible achoppement
Qui ferait trébucher.
Mais ce relief hostile n’est qu’apparence,
Car la vie du Ghetto a tout nivelé.
Présentant au sol
Les variations de la brumaille,
Véhicule de nuances hivernales
Et de trajectoires nuancées.
Santo Cappon, poème et sa gouache aquarellée
