« Scandale au Crédit Suisse » était le titre d’un ouvrage paru en 1977 sous la signature de Max Mabillard et Roger de Weck. Il résumait l’affaire dite de Chiasso, un trou de 2 milliards et des poussières. Dans le fond, la deuxième banque helvétique n’est jamais vraiment sortie du trou. Symbolique est la disparition d’un accent aigu: Crédit s’anglicise et devient Credit. Ce faisant, la banque s’est imbibée en quelque sorte d’une culture privilégiant le gigantisme au prix de l’adoption d’instruments financiers hors de contrôle.
« L’affaire Credit Suisse – La chute d’un géant » est le titre du livre sorti ces jours-ci aux éditions Le Savoir Suisse, financées par l’EPFL. Un ouvrage qui boucle la boucle, en quelque sorte. Journaliste économique au journal « Le Temps », son auteure, Mathilde Farine, raconte bien ce déclin irréversible de la banque de l’industrialisation suisse, celle sans qui les CFF ne seraient pas les CFF, le Gothard ne serait pas le Gothard. Il aura fallu environ 170 ans pour que la Suisse se retrouve au point de départ de son aventure bancaire, commencée au milieu du 19e siècle sous l’impulsion du « roi » Alfred Escher. La disparition de Credit Suisse marque bien la fin d’une époque, dans la mesure où l’hyper-géant UBS, qui a gobé son dauphin en 2023, tellement axé sur la gestion de fortune, ne roule plus selon l’ancien modèle d’affaires qui a fait le succès économique du pays.
Vers une Suisse sans banque?
Mais comment en est-on arrivé là? Un avocat d’affaires genevois résume en quelques mots la question de la responsabilité:
On peut dire que le conseil d’administration a été hautement déficient.
Dès lors, s’interroge-t-on, pourquoi les garde-fous n’ont-il pas fonctionné?
Il faudrait un nouveau livre pour passer en revue le rôle de la Finma. Le gendarme bancaire sera-t-il plus efficace pour désamorcer la prochaine crise qui se profile à l’horizon? Comme se demande l’auteure:
Credit Suisse représente le troisième avertissement adressé à notre pays. Un quatrième serait-il fatal?
Les regards tournés fébrilement vers le « monstre » UBS, des acteurs envisagent un saucissonnage pour conjurer le cataclysme qui suivrait un nouveau krach. L’avènement d’une Suisse sans banque. Les observateurs de la débâcle Swissair se croisent les doigts.
Christian Campiche


