MÉDUSÉMENT VÔTRE – Approvisionnement gazier: merci Mister President, merci Votre Majesté du Golfe!

Instigateur du projet de gazoduc Nordstream, un Allemand, Gerhard Schröder, avait tout fait pour doper l’importation de gaz de Sibérie en Europe. Etonnamment, personne ne trouvait rien à redire à cette dépendance énergétique. Depuis, la guerre d’Ukraine est passée par là  et Bruxelles retourne sa veste. L’UE  ne veut plus entendre parler d’hydrocarbures russes. Sa cheftaine, une ancienne ministre des Armées d’Allemagne – on n’en sort pas – punit méchamment deux Etats membres de l’UE qui en dépendent encore entièrement.

Et la Suisse? La patrie de Tell a de tout temps diversifié son approvisionnement et en est très fière. Sur les ondes de la RTS, le président de Gaznat, René Bautz, assure que le pays ne souffre aucunement de la situation. Le gaz américain et qatari a remplacé le gaz russe dont la Suisse dépendait à hauteur de 40%! Très bien, mais pourquoi le service public ne lui pose-t-il pas d’abord cette question essentielle: quelles sont les conséquences économiques, politiques, écologiques du changement de cap? La réflexion est de mise car l’extraction de gaz de schiste, comme celle qui se pratique aux Etats-Unis, est coûteuse et dévastatrice en termes environnementaux. Combien de méthaniers sur l’océan, au mépris du bon sens sécuritaire? Combien de courbettes? – merci Mister President!, merci Votre Majesté du Golfe!

Aux populations déjà remontées, la facture n’a  pas encore été présentée. Quand elle le sera, elle fera mal. De fait dans les stations de ski, les prix prendraient déjà l’ascenseur.

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Tandis que l’armée russe semble s’installer toujours plus solidement en territoire ukrainien, la presse occidentale revient sans arrêt sur les dégâts causés à l’économie ennemie par les drones de Kiev. Près de la moitié des raffineries russes auraient été bombardées, ce qui affecterait les exportations de Moscou et les revenus que le Kremlin tire du pétrole. Une preuve de plus, s’il en faut, que le contrôle de l’or noir est le moteur de la guerre. De la même manière qu’il l’est dans les Caraïbes. Et ailleurs dans le monde. Heureuse Helvétie qui en est dépourvue!

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Sur le point de quitter son poste, le chef de l’armée dit des choses très intelligentes. « Si l’Ukraine devait tomber, il n’y aurait plus que deux pays entre la Suisse et la Russie: la Hongrie et l’Autriche ». Il a quel âge, M. Süssli? Il n’était peut-être pas né quand Vienne était partiellement sous contrôle soviétique au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale. Mais il l’était certainement quand la Hongrie appartenait encore au même bloc soviétique. La menace n’est donc pas nouvelle. La reconstituer, comme le fait le haut gradé, permet cependant de justifier l’explosion du budget militaire. Une manière comme une autre de défendre également l’achat du F-35 américain, contesté depuis le départ de Viola Amherd, la ministre qui faisait jouir le chef de l’armée de sa protection bienveillante. 

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« Défendre la Suisse en la dégradant? » Dans la presse Tamedia, le théologien Pierre Farron s’insurge contre l’accroissement démesuré  des dépenses militaires qui font le beurre d’ « habiles  marchands » au détriment de la recherche, du financement des universités, des transports publics, de la protection de l’environnement, etc… ». Autrement dit au prix de la qualité de vie de la population suisse. Et d’appeler à l’instauration d’un « vrai débat public sur le respect des valeurs sur lesquelles notre démocratie est fondée». Enfin une voix sensée!

« Stop war! ». Lutry, 3 décembre 2025. Photo©le Médusé.

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Les EMS de la fin du 19e siècle étaient le paradis. A ceux qui en douteraient, je  suggère de consulter le règlement de l’Asile de vieillards pauvres et malheureux à Lausanne, aujourd’hui la Fondation La Rozavère, un établissement très recherché. L’article 12, par exemple:

Les vieillards peuvent être appelés à travailler, soit pour le service intérieur de l’Asile, soit  pour  un ouvrage déterminé et organisé, autant que leur santé et leurs forces le leur permettent, le tout  sans rétribution.

Le règlement impose également aux « vieillards » l’interdiction  de « s’absenter sans permission de la directrice », laquelle  fixe l’heure du retour.

Oui, décidément, c’était mieux avant!

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Le résultat du rejet par les Suisses de l’impôt sur les successions? Un afflux de fonds fuyant le fisc à l’étranger!

Quelle fantastique campagne de marketing!,

s’exclame Arthur Grosjean dans la presse Tamedia.

Ne manque plus que le retour du secret bancaire pour compléter le tableau. Chassez le naturel, il revient au galop.

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Autre titre, autre son de cloche: Blick relaie l’opinion d’un magazine anglais pour qui le scrutin du 30 novembre, quelle que soit son issue, «affaiblit la réputation de la Suisse en tant que forteresse imprenable des fortunes privées».  «Politiquement, nous avons gagné», se gargarisent les initiants qui tournent le résultat à leur avantage. Les perdants sont les gagnants, fallait y penser!  

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RIP Oscar Kneubühler. Décédé le 25 novembre dernier, cet ancien directeur général de la Société Générale de Surveillance établi sur la Côte lémanique fut une star du monde économique genevois dans les années 1980. On disait de lui qu’il n’avait pas son pareil pour dégoter des contrats dans les pays lointains. Sous la présidence de Marc-André Charguéraud, disparu lui aussi cette année, il contribua à la prospérité de la SGS. Le groupe d’inspection vivait alors l’une de ses périodes les plus fastes. Aujourd’hui la SGS n’est plus la reine des Pâquis. Elle a carrément quitté Genève.

Christian Campiche

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