Le 20ème concile (assemblée des évêques) de l’Eglise catholique est interrompu par la guerre de 1870: il s’appelle Vatican I et vient de statuer sur raison et foi, ainsi que redonner autorité pleine au Pape. Il faudra un siècle de tribulations mondiales pour ouvrir et conclure Vatican II dont nous célébrons le 60ème anniversaire, en même temps que nous avons fêté Nicée et le 17ème centenaire du 1er concile qui avait posé les bases originelles de chrétienté universelle!
L’Eglise en a vu des vertes et des pas mûres : schisme d’Orient qui séparera les orthodoxes (droite règle) de Constantinople des romains sous l’autorité du Pape en 1054, puis schisme d’Occident avec la réforme des protestants (ceux qui protestaient contre Rome) entre 1378 et 1417, avant le concile de Trente (1545–1563), celui de la contre-réforme. C’est le 19ème qui permet de reposer la chrétienté de Rome sur des bases solides, avant Vatican I et II !
Un monde matérialiste qui se sécularise
La crise moderne se place au milieu des trente glorieuses qui refondent la prospérité d’un monde matérialiste qui se sécularise (vivant dans le siècle et se laïcisant, après séparation des Eglises et de l’Etat). Déclin de la pratique religieuse oblige, le Pape Jean XXIII comprend qu’il faut repenser l’Eglise catholique et commence par promulguer un texte qui veut ouvrir le dialogue avec les juifs, Nostra Aetate, Notre Epoque, et qui créera le dialogue interreligieux !
St François d’Assise avait en 1219, 750 ans plus tôt, tenté le dialogue islamo-chrétien avec le sultan d’Egypte, Al-Malik al-Kamil, à Damiette, durant la 5ème Croisade, sans succès mais c’était une ouverture. Vatican II ne se contente pas d’ouvrir la liturgie aux langues vernaculaires (maternelle et propre à chaque pays) mais vote à la majorité que la foi repose sur des actes intérieurs que nul ne peut contraindre et que la dignité humaine fonde la liberté religieuse !
5 papes pour secouer le cocotier
S’il y eut quelques dissidents derrière un certain Mgr Lefebvre et la création du 3ème schisme de la communauté St Pie X, Paul VI succède à Jean XXIII et clôt Vatican II en s’éloignant de l’enseignement passé et en créant de nouvelles relations avec ‘nos frères séparés’. Les 5 papes qui prennent la suite vont permettre de secouer le cocotier et s’ouvrir à cette jeunesse qui clame aujourd’hui la renaissance du 21ème siècle, fini désenchantement et désorientation.
Paul VI avait poursuivi la voie vers une vraie doctrine sociale, initiée avec Rerum Novarum, lettre encyclique (‘choses nouvelles’ sur la condition des ouvriers) de Léon XIII (1878-1903). C’était le second thème important de Vatican II qui est développé dans Gaudium et Spes, la constitution pastorale du concile (‘joie et espérance’, étroite solidarité avec l’ensemble de la famille humaine) ; elle ne faisait qu’abonder sur nombre travaux des papes intermédiaires !
Les suivants ont poursuivi cette belle vocation tournée vers la dignité humaine. C’est surtout dans la réalité d’une Eglise tournée vers les périphéries, en sortie et pas mondaine, dans le service non dans la soumission, humble et proche des défavorisés, que s’inscrit l’ouverture. François parlait de ‘todos, todos, todos’ et Léon XIV n’a fait que poursuivre les traces de ses prédécesseurs en y mettant sa propre touche dès son arrivée : la paix soit avec vous, tous !
Il n’y a rien de permanent, sauf le changement
Si l’on ne peut s’attendre à un changement radical, le mouvement est là, comme Héraclite, ce grand philosophe présocratique, l’avait si bien dit en 500 BC : il n’y a rien de permanent, sauf le changement. D’ailleurs, Jésus n’avait-il pas proposé une grande évolution avant de se faire crucifier ? N’a-t-il pas été l’auteur d’un schisme et du 1er réseau social au monde, sans PC, juste de bouche à oreille, avec 2.5Mld d’amis vivants, 8.5 depuis son ouverture ?
Au moment où l’Eglise clame à nouveau cette espérance d’un monde espérant, comme elle l’a fait tout au long de cette année jubilaire 2025, ne voyons-nous pas le rayonnement d’un homme qui attire les nouvelles générations pour en faire des catéchumènes ? Ne voyons- nous pas un désir de paix qui nous sorte des ténèbres des conflits mondiaux ? Ne sentons- nous pas ce tsunami de la joie et de l’amour que l’on pourrait vivre… s’il suffisait d’aimer !


