Sur une image d’agence, un Pascal Broulis tiré à quatre épingles tend la main à Pierre Lamunière. Derrière le président d’Edipresse, l’air grave, d’autres industriels attendent leur tour.
De fait, le grand argentier vaudois reçoit ses cent meilleurs contribuables. Ceux qui apportent au canton la moitié de l’impôt sur les personnes morales, 150 millions par an. Une opération de charme renouvelée chaque année et destinée à aplanir les méfiances réciproques, sans doute. Une bonne idée, finalement.
Membre du «Club des 100», Daniel Borel était aussi invité. Mais le patron de Logitech aurait rencontré Pascal Broulis beaucoup plus discrètement, en aparté. Son statut fiscal, il est vrai, n’autorise pas les bruyantes effusions.
Dans «Migros Magazine» du 20 septembre 2005, Daniel Borel, à qui l’intervieweur demande pourquoi ses revenus échappent à la Suisse («La Liberté» du 15 janvier 2005), répond ainsi: «Je verse des impôts sur ma maison comme sur mes activités. Pour le reste, il n’y a pas de secret: je suis aujourd’hui imposé en Angleterre où je réside depuis 1998. En tant que contribuable, j’avais déjà quitté la Suisse pour les Etats-Unis en 1992 pour sauver ma société alors en crise. Si je n’étais pas parti, il n’y aurait sans doute pas maintenant 250 emplois en Suisse.»
On en apprend des choses. Et si le «mouton noir» du «Club des 100» donnait le vilain exemple? Vous voyez tous nos chefs d’entreprise émigrer fiscalement à la moindre difficulté? L’angoisse des caisses de l’Etat. On n’ose pas y penser. I
Texte paru dans “La Liberté” du 6 octobre 2005