Comment préparer l’après-collapse énergétique (III)


Comme il ne s’agit pas d’un événement que l’on peut décrire, il est difficile de proposer des mesures pour en atténuer les conséquences dans le cadre de la société telle qu’elle est aujourd’hui. Cette société n’y survivra pas. Il est plus que probable qu’il y aura des violences et des misères, mais il s’agit aussi d’un renouveau, d’une renaissance.

Tout ce que l’on peut faire pour anticiper l’événement reste à l’échelle locale, éventuellement régionale. Dans le domaine de l’énergie, le plus important sera sans doute de réduire notre dépendance le plus possible et d’assurer les besoins résiduels par des énergies renouvelables. Par exemple dans tout logement prévoir au moins une pièce chauffée au bois, si possible la cuisine; supprimer les utilisations calorifiques de l’électricité comme le chauffage des locaux ou des aliments; augmenter le recours à l’énergie solaire pour la production de chaleur et d’électricité. Si on tient à conserver une voiture, choisir celle qui consomme le moins et qui roule au gaz.

Le plus important sera probablement l’entraide dans le cadre du voisinage immédiat, du quartier, de la collectivité locale. Essayer de mettre en place des relations avec des paysans, repérer les endroits cultivables dans les alentours (en Suisse, on se souviendra du plan Wahlen).

Les maîtres-mots dans ce contexte sont la convivialité et la modestie. Le rétablissement de ces deux vertus essentielles est d’autant plus difficile que les credos économiques stupides qui ont cours aujourd’hui – par exemple “la main invisible du marché” ou encore “l’avantage comparatif” – ont donné lieu à la pensée unique, une non-pensée comme disait Castoriadis. Il en est résulté que convivialité et modestie ont été évacuées comme inutiles parce que non génératrices de profits. L’égoïsme prôné par Adam Smith comme clef de la prospérité rend le retour aux communautés problématique. Il n’y a pourtant pas d’autre choix à long terme.

Il reste à souhaiter que la raréfaction inéluctable des soi-disant ressources ne donne pas lieu à des conflits destructeurs. Le meilleur moyen pour éviter l’holocauste me semble être de démanteler progressivement les hiérarchies de pouvoir. Cela signifie pour l’essentiel d’apprendre à désobéir et à se moquer du pouvoir. On est malheureusement assez loin.

L’auteur est ingénieur physicien

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Un commentaire à “Comment préparer l’après-collapse énergétique (III)”

  1. François Iselin 29 octobre 2011 at 12:18 #

    Bravo pour votre site. J’y ai découvert (médusé!) l’excellent texte de Pierre Lehmann. Merci.
    Un passager involontaire du Radeau: François Iselin, Epalinges

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