Marcel Ospel passera un joyeux Noël dans son chalet de Gstaad. Pour l’ancien patron d’UBS, cette année 2009 s’achève beaucoup mieux qu’elle n’a commencé. Ospel peut remercier les avocats de la banque ainsi que ses successeurs au timon d’UBS. L’organe de surveillance des banques, la Finma, a bien travaillé aussi. Un petit tour de passe-passe aboutissant à livrer à Washington les noms de milliers de clients américains ont permis à UBS d’éviter un lourd procès aux Etats-Unis. Dès lors, pourquoi chercher aujourd’hui des coupables, si tout rentre dans l’ordre au pays des «subprime»?
Le procureur zurichois renonce à poursuivre les anciens dirigeants d’UBS et le conseil d’administration de la banque, admirons le réflexe, n’attend pas une demi-journée pour lui emboîter le pas. En Suisse, expliquent les juges, l’incitation à la fraude fiscale n’est pas punissable. Pas question non plus, comme le suggéraient les plaignants, d’enquêter sur une présumée gestion déloyale. UBS ne veut pas nettoyer les écuries d’Augias, à l’heure où l’oligarchie financière se donne la main pour repartir galvanisée vers un avenir radieux. Tirons un trait sur le passé, claironne son conseil. Un organe qui, grandiose, va même jusqu’à jurer que les erreurs ne se répéteront pas.
Les erreurs. Cet aveu est symbolique et rappelle l’affaire Swissair. Après le krach de la compagnie aérienne, les dirigeants durent rendre des comptes publiquement dans une salle de tribunal. Mais aucun ne fut condamné car en Suisse, c’en est devenu un précepte national, on ne punit pas les incompétents.
En cette fin de décennie le nombre des chômeurs ne cesse de croître, mais les artisans du krach sont à l’abri. Au fond de sa geôle, Bernard Madoff doit se sentir bien seul.
*Commentaire paru dans “La Liberté” du 16 décembre 2009