Il y a dix-sept ans, Silvio Berlusconi avait quelques cheveux en moins. Et il est possible que le souvenir de ces années lui fasse perdre quelques-uns parmi les fils synthétiques qui depuis lui ont été implantés sur le crâne.
Le Président du Conseil italien vient de se prendre la tête avec les réformes des retraites et du marché du travail. D’un côté, si le gouvernement italien passe à l’action, en Italie il sera plus facile de licencier. Deuxième axe: Berlusconi a promis que l’âge de la retraite sera porté à 67 ans à partir de 2026. Aucune réforme – par contre – n’a été formulée par rapport à la durée des cotisations, puisque sur ce point le “Cavaliere” a cédé à la menace d’Umberto Bossi. Le chef de la Lega – dont l’appui est indispensable pour que la coalition dirigée par Berlusconi puisse gouverner – s’est montré inflexible. Le “Cavaliere” a dû s’adapter. Un regard dans le rétroviseur montre que les retraites ont déjà été l’objet d’un conflit entre les deux.
Novembre 1994. Berlusconi reçoit une convocation du parquet de Milan. Nommé au printemps Président du Conseil après qu’il a gagné les élections au printemps, le “Cavaliere” se dit persécuté par les procureurs milanais. Depuis des mois, suite à un article publié par «L’Espresso», l’opinion publique se déchire à propos de l’hypothèse d’une liaison dangereuse entre la Mafia et Berlusconi. Entre-temps, une première réforme des retraites a lieu, source d’un âpre conflit entre Berlusconi et Bossi. Le “Cavaliere” décide de demander le vote de confiance au parlement italien. On est le 21 décembre. Bossi a annoncé son veto, le premier gouvernement Berlusconi tombe. Puis, début 1995, Umberto Bossi attaque Silvio Berlusconi à propos de l’origine douteuse de sa fortune, tandis que le Cavaliere affirme que plus jamais il ne siégera à une table avec Umberto Bossi, car il l’estime déloyal et malhonnête.
Aujourd’hui, l’histoire semble se répéter. La dette de l’Italie continue de s’enfoncer dans un puits sans fond tandis que Berlusconi et Bossi – toujours alliés – se crispent à propos des retraites. Le signe que la fin du règne Berlusconi n’est pas lointaine?
* “La Repubblica”, «Bossi: ‘Dietro Berlusconi c’è la Mafia’”, 5.3.1995 http://bit.ly/skhaDh
*Umberto Bossi vs. Berlusconi, 1995 http://bit.ly/vRvcH6
*Silvio Berlusconi, 1995, «Plus jamais je ne ferai confiance à Bossi» http://bit.ly/rDcwRl
Article paru dans “Un ristretto!”