«La paix en Syrie pourrait être sauvée si tous disaient la vérité. Après un an de conflit, la réalité sur le terrain est loin du cadre qu’impose la désinformation des moyens de communication de masse occidentaux.»
PAR BERNARD WALTER
C’est ainsi que s’exprime l’évêque Philippe Tournyol du Clos dans un témoignage envoyé à Fides, une agence d’information du Vatican. Dans son texte, il affirme: «Actuellement, on tente une déstabilisation sanguinaire et systématique du pays par des aventuriers qui ne sont pas Syriens. Cette information, qui va à l’encontre des journaux et des reportages télévisés, l’ex-ambassadeur de France, Eric Chevallier, n’avait eu de cesse de la faire entendre, alors que de nombreuses informations continuent à être falsifiées afin d’alimenter la guerre contre la Syrie.»
Comment savoir?
Un des principes fondamentaux du droit, qui vaut aussi pour l’information, c’est l’égalité de traitement. Ce qui vaut pour l’un vaut pour l’autre. Hors de ce principe, c’est l’arbitraire qui régne.
Nous vivons sous le régime du droit du plus fort. Exemple: le Tribunal Pénal International (TPI). Qui ce tribunal poursuit-il, qui juge-t-il? Uniquement des ressortissants de pays qui ne font pas le poids sur la scène internationale. Les Américains ont décrété qu’ils n’étaient pas poursuivables par ce tribunal. Dans les médias dominants, aucune voix pour dénoncer cette atteinte au principe de justice.
Jénine: terrible massacre, avec entre autres un quartier entièrement écrasé au bulldozer. Une commission d’enquête est mandatée par l’ONU. Israël ne l’autorise pas. Alors c’est tout simple, on ne la fait pas. M. Kofi Annan, à l’époque secrétaire général de l’ONU, fait un rapport: circulez, il n’y a rien à voir.
Ce même Kofi Annan fonctionne comme médiateur de l’ONU en Syrie. Il est «horrifié» par les massacres! Comment le croire? Comment croire qu’il va nous informer sur ce qui se passe réellement en Syrie?
En 1996, Madeleine Albright, une femme, une mère peut-être?, déclare à propos de la mort de 500 000 enfants irakiens: «C’est un choix très dur, mais nous pensons que ça en vaut la peine». Comment a-t-on réagi ? En la nommant à l’unanimité chef de la diplomatie étasunienne. A l’issue de ce mandat, Vaclav Havel lui propose de lui succéder à la présidence de la république tchèque. Mais où sont passés les enfants irakiens? Et aujourd’hui: que valent les larmes officielles pour les enfants syriens?
Guantanamo, qu’Obama a promis de fermer, en plaçant son mandat de Président sous le signe des droits de l’homme, est toujours ouvert, trois ans après. Comment croire encore ce qu’il nous dit?
Il y a l’Afghanistan, l’Irak (avec Falujah ou Abu Ghraïb qui ne sont que des pointes de l’iceberg). Toujours la loi du plus fort.
Günter Grass, prix Nobel de littérature en 1999, a publié il y a un mois un texte intitulé «Ce qui doit être dit». En disant simplement qu’il en a assez de l’hypocrisie de l’Occident et en rompant le silence qui entoure l’arsenal nucléaire israélien.
«Le silence unanime sur cette question, auquel a obéi mon propre silence, je le ressens comme un mensonge pesant», dit-il dans son texte. En ne faisant que dire la vérité, il a provoqué un véritable scandale! Toujours le régime du plus fort.
Peu importe ce que vous savez, pourvu que vous ne disiez rien.
On pourrait multiplier les exemples. Les informations ne manquent pas.
Mais il est plus confortable de se laisser faire sans penser. Ne pas fermer les yeux, ne pas se taire, devant la vérité des choses demande plus de caractère. A chacun son choix.
Comprendre la réalité du monde des hommes n’est pas une question d’intelligence, c’est une question de courage.