L’Orient: les citoyen(ne)s boudent la politique villageoise


Vingt-deux personnes seulement ont honoré la convocation invitant à la récente assemblée du village.

PAR JEAN-FRANCOIS AUBERT

Sur les quarante citoyens assermentés, seuls vingt-deux (les quatre membres du bureau des assemblées compris) ont occupé les chaises de la grande salle de l’Hôtel de la Poste! Pour faire bon poids, ajoutons encore les cinq membres du conseil administratif (au niveau communal, ce seraient les municipaux), la secrétaire et la boursière. Si l’on sait que l’Orient compte 731 habitants, les quarante personnes qui ont prêté serment, montrant ainsi leur intérêt aux affaires du village, n’en représentent que les 5,6%. Pour le reste, autrement dit 94,4% des orientaux, elles ne suscitent qu’indifférence: la chose publique ne vaut pas qu’on lui consacre 3 à 4 heures par… année! Cela dit, un coup de chapeau à ceux et celles qui ont «sacrifié» 1h15 de leur soirée pour le village.

Et pour cette séance de juin, l’Eurofoot ou le beau temps enfin revenu n’ont pas davantage pesé dans la balance que d’habitude. Non. Une fois de plus, la majeure partie des villageois a joué la carte du désintérêt. Mais bon sang, un village est une entité vivante. Qu’il faut sans cesse choyer pour lui préserver une santé acceptable afin de faire face à toutes ses responsabilités. Un postulat auquel une population se devrait d’adhérer, si tant est que chacun des acteurs tienne à perpétuer cette particularité politique qu’est la fraction de commune. Avec une telle défection aux assemblées générales des citoyen(ne)s, une telle insouciance, un jour peut-être pas si lointain la fraction de l’Orient n’existera plus. Avec elle disparaîtra son patrimoine (entre autres immobilier), et les décisions viendront d’ailleurs!

50 francs pour les élèves et les apprentis

Bien évidemment, une assemblée de village ne ressemble en rien à une bastringue, pas plus qu’à une soirée de franche rigolade. Des objets sérieux s’y discutent, voire s’y confrontent. Evidemment, l’ordre du jour n’a pas les ingrédients à mettre l’eau à la bouche tel un menu gastronomique. Certes, les plats mijotés par la cuisine villageoise sont moins goûteux. Mais bon, pas de quoi flanquer la nausée et faire fi du menu proposé pour ce genre de réunion, cette dernière menée tambour battant par Félix Morand (président des assemblées). Ainsi, les deux assermentations, le préavis concernant l’amélioration de l’infrastructure de l’éclairage public ainsi que celui relatif à l’arrêté d’imposition pour les années 2013 à 2016 (maintenu à celui en cours, soit à 10 points) n’ont pas fait un pli. Tout comme les comptes 2011 et le rapport exhaustif de la commission de gestion: du moindre coup de pinceau à la réfection d’un toit, tout y est. A relever une décision prise par le Conseil administratif: dès le 1er juillet, les élèves et apprentis de l’Orient bénéficieront d’un don de 50 francs pour leur abonnement annuel piscine/patinoire. Cette manne villageoise, ajoutée au 100 francs que leur octroie déjà la Fondation Paul-Edouard Piguet, soulagera bien des bourses puisque les récipiendaires ne débourseront que 50 francs pour acquérir ce sésame qui coûte 200 francs.

Vive «la Poste»

Il va sans dire que le chapitre «Hôtel de la Poste» est revenu sur le tapis, dans la séquence «divers» de l’ordre du jour. Une intervention de Georges Masson qui n’y est pas allé par quatre chemins pour exprimer son ressentiment, voire sa colère envers le Conseil administratif, témoigne bien de l’acuité du sujet: «Je sais, tout le monde sait que vous n’avez qu’une seule idée: vendre l’Hôtel. Vous connaissez la position de l’assemblée qui s’est prononcée l’an dernier: c’est non. Et vous persistez dans cette voie. Si vous vendez La Poste, vous tuez l’Orient, village où il n’y a déjà plus rien. Faites des propositions qui tiennent la route, car diverses solutions existent pour que vive cet hôtel». Sentant la température virer au rouge, le président des assemblées s’assura prestement que la parole n’était plus demandée et, à 21h15, mit un terme à la séance. A l’évidence, l’Hôtel de la Poste n’a pas fini de faire parler de lui.

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