«Nous ne pouvons que rendre hommage à votre sens de l’information et à vous présenter nos excuses pour ce manque de précision». C’est en ces termes que la direction des affaires juridiques de la RTS répond le 31 mai 2013 à Wisler Frederic, un fonctionnaire retraité des Nations Unies, qui avait adressé une réclamation au médiateur de la RTSR consécutive au journal du matin de la RTS du 18 avril dernier.
«Des déclarations émises durant cette émission ont contrevenu à l’article 4 de la Loi fédérale sur la radio et la télévision (LRTV)», écrivait alors M. Frederic. Il ajoutait: «Le présentateur de ce journal a annoncé aux auditeurs que des armes chimiques avaient été utilisées par le régime en place en Syrie dans le cadre du conflit armé qui est en cours dans ce pays. Cette affirmation nous a été communiquée comme s’il s’agissait d’un fait établi. Il ne s’est référé à aucune source. Il n’a pas utilisé la forme conditionnelle ni nuancé son propos d’une quelconque manière. Cette affirmation a été réitérée à au moins trois reprises au cours de l’émission».
«Or, jusqu’à présent, l’attribution de la responsabilité et les circonstances des actes en question ne peuvent pas être présentées comme si elles étaient établies. C’est d’ailleurs bien pourquoi le Secrétaire général de l’ONU a annoncé vouloir envoyer sur place une équipe d’experts pour vérifier le bien fondé des accusations que se renvoient le régime de Damas et les rebelles quant à l’emploi de ces armes », poursuivait l’ancien fonctionnaire des Nations Unies.»
Lequel concluait: «Les informations ainsi formulées contreviennent manifestement à l’article 4 de la LRTV selon lequel ‘Les émissions rédactionnelles ayant un contenu informatif doivent présenter les événements de manière fidèle et permettre au public de se faire sa propre opinion. Les vues personnelles et les commentaires doivent être identifiables comme tels’».
Jugeant l’explication de la RTS « édifiante mais largement insuffisante face à l’enjeu », l’ancien fonctionnaire des Nations Unies entend porter l’affaire auprès de l’Autorité indépendante des plaintes afin qu’elle statue sur le fond. «Une décision sur ce dossier devrait permettre aux journalistes d’être moins mis sous pression et de travailler de manière plus indépendante».