Sergio Ermotti continue à ronger son frein. Le directeur d’UBS avait pourtant débuté l’été dans la bonne humeur. Suite aux restructurations menées tambour battant, les résultats semestriels de la grande banque dépassaient les attentes. Le PDG tessinois serait-il l’homme qui ferait oublier au contribuable suisse l’épisode le plus sinistre du krach 2008, le sauvetage hallucinant d’un Etat dans l’Etat dont on continue d’affirmer qu’il est «too big to fail»?
Un trimestre plus tard, le bénéfice répond toujours positivement aux souhaits des analystes mais un élément inattendu, un rabat-joie du nom de Finma, vient contrecarrer la perspective de verser prochainement un dividende aux actionnaires, le premier depuis 2006, l’ère du flamboyant Marcel Ospel. En effet, le régulateur des banques s’est mis en tête qu’UBS devait augmenter de 50% ses fonds propres.
Chez UBS, la grogne est de mise car ses dirigeants estimaient avoir fait tout juste au chapitre des provisions. Manifestement la Finma n’est pas de cet avis. Elle a probablement de bonnes raisons de penser que la série noire n’est pas terminée malgré l’accord de 2009 aux termes duquel les Etats-Unis renonçaient à poursuivre UBS, moyennant la collaboration de cette dernière dans la livraison des «réfugiés» fiscaux.
En réalité, UBS n’en finit pas de se faire rattraper par son passé. Aux Etats-Unis, en Allemagne, en France, de nouvelles amendes pleuvent. Et le pire est peut-être à venir avec le scandale qui se profile sur le front du forex. Deutsche Bank et UBS font l’objet d’une enquête visant à déterminer s’il n’y a pas eu de manipulation de ce marché des changes. Pour les milieux politiques qui ont soutenu UBS envers et contre toute logique de libéralisme économique, le cauchemar n’est pas près de se terminer.
Chronique parue dans GHI du 6-7 novembre 2013.