Le Prix Nobel de l’Escroquerie


L’Homme est paresseux et ne change ses habitudes que sous la contrainte.

PAR NARCISSE NICLASS

Les catastrophes et les ruptures sont souvent source d’innovation. Dans certains milieux, les ruptures sont un calcul. Les économistes, par exemple, ont une imagination débordante pour inventer, imaginer de nouveaux produits. Les produits structurés et autres idées pourries afin de faire rouler les échanges boursiers nous laissent un goût amer.

Est-ce que vous avez entendu dire “J’ai tout faux” par un président de Banque centrale, un ministre de l’économie ou un chef d’état? Quand un ancien directeur du Nasdaq peut tromper ses amis de la finance pendant des années et pour des milliards, on peut douter des compétences de nos Grands Timoniers. Bravo Madoff pour cette belle démonstration.

Obnubilés par la lutte contre le communisme jusqu’en 1989, nos professeurs et théoriciens de l’économie libérale sont restés figés. Ils tentaient de se rendre intéressants par des publications foireuses afin de justifier un titre universitaire. La tendance ne s’inverse pas, aujourd’hui un master s’obtient en additionnant des crédits. Les mots ne sont pas innocents. Prenons justement le titre de Prix Nobel de l’économie, une escroquerie intellectuelle.

Sachez qu’Alfred Nobel a bien inventé la dynamite mais n’a jamais créé de Prix Nobel de l’Economie.

Et pour cause, le but de la Fondation Nobel est d’améliorer la condition humaine, pas de se lancer dans des spéculations hasardeuses. C’est une banque suédoise qui a créé ce faux Nobel pour véhiculer une image de sainteté de l’économie néoclassique. Avec le concept de la main invisible qui vient corriger les marchés, il fallait trouver des ayatollahs pour imposer des croyances économiques.

Ce Prix de sciences économiques, de la Banque de Suède, a été attribué à de nombreux économistes nuls dans leurs analyses et théories. Il serait bon de supprimer cette distinction, véritable supercherie. Un lauréat du prix en 2001, Joseph Stiglitz, soutient cette tendance. En 2003, il publiait un ouvrage clair “Quand le capitalisme perd la tête” (Fayard). Il a montré qu’il y avait des innovations financières dangereuses appelées titrisation. Les inventeurs de ces théories ont tenté de transformer leur profession en une science. Certains y croient encore. Les Banques centrales ont renfloué les pompes à fric. Pour les USA , c’est 1000 milliards de dollars injectés dans un système basé sur le principe: «Chaque matin, il y a un pigeon qui se lève». Avec la mondialisation, les Américains ont surtout trouvé les pigeons en Europe, au Japon et en Chine. Nous le savons et pourtant nous marchons toujours. Un jour, il faudra bien payer la facture.

Alfred Nobel a créé les prix de Médecine, de Littérature, de Chimie, de Physique et le plus célèbre, celui de la Paix. Jamais il n’est question de prix de l’économie qui serait même contraire à l’esprit de la charte d’Alfred Nobel. Les médias se plaisent à véhiculer ce mensonge. Les universités, lieux où l’esprit critique devrait régner, se complaisent dans cette médiocrité savamment orchestrée. La connerie naturelle est le contraire de l’intelligence artificielle. Cette dernière est rare, son prix est élevé. La connerie est abondante aussi tout le monde peut se la payer.

L’auteur a écrit l’essai “Pour quoi? Pourquoi?“, Editions monBestSeller.com, 2013.

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Un commentaire à “Le Prix Nobel de l’Escroquerie”

  1. Michèle Herzog 13 mai 2014 at 15:19 #

    Merci Monsieur pour votre article très lucide et plein d’humour. Félicitations.

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