Isabelle Neulinger (photo copyright Amnesty International) a fui clandestinement Israël avec son fils de deux ans pour rejoindre la Suisse, son pays d’origine. Elle voulait sauver son fils de l’emprise d’un mari ultra-orthodoxe. Mais c’est justement en Suisse que commencera réellement son combat.
Une nuit de juin 2005, Isabelle Neulinger franchit dans le plus grand secret la frontière israélo-égyptienne de Taba. Son fils est caché sous du matériel de plongée. Cette fuite clandestine lui apparaît alors comme une dernière chance:
«Cette nuit-là, c’était tout ou rien», raconte la mère de Noam. «Au bout du parcours, il y avait soit l’Egypte et la liberté, soit un minimum de quinze ans de prison. Et on m’aurait enlevé Noam, mon bébé, pour qui j’accomplissais tout cela.»
Retour cinq ans auparavant: Isabelle Neulinger, femme juive avec un passeport israélien, belge et suisse, vit avec son mari et son fils en Israël. Mais le charmant prof de sport qu’elle a épousé s’est sournoisement transformé en fanatique religieux. Il exige que sa famille vive selon des règles ultra-orthodoxes très strictes. Isabelle Neulinger décide alors de se séparer. Elle obtient le droit de garde de Noam, puis le divorce. Lorsque son ex-mari la menace de mort, elle prend peur, porte plainte puis fuit hors du pays.
De retour à Lausanne, elle imagine son fils en sécurité. Mais Interpol est sur ses traces: son mari a porté plainte contre elle pour enlèvement d’enfant. Isabelle Neulinger obtient gain de cause devant la justice de paix du district de Lausanne, puis au Tribunal cantonal. Mais en 2007, le Tribunal fédéral ordonne le retour du petit garçon en Israël dans un délai de cinq semaines. «C’était un choc énorme», se souvient la maman.
Elle refuse pourtant de baisser les bras et porte son combat jusqu’à la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) à Strasbourg. Las, cette dernière confirme la décision du Tribunal fédéral. En dernier recours, Isabelle Neulinger et ses avocats saisissent la Grande chambre de la Cour. Contre toute attente et malgré les jurisprudences antérieures, celle-ci se prononce en faveur de la mère. Isabelle Neulinger n’en revient pas: «J’ai maintenant le droit de voir mon fils grandir à mes côtés, et être libre de ses convictions». Pour la première fois, un tribunal supranational a estimé que l’intérêt supérieur de l’enfant prime sur toutes les autres considérations.
Article paru dans «Edition Spéciale» 2014, journal publié par Amnesty International.
Vraiment extraordinaire le combat de cette mère. Cet exemple montre qu’il faut tout essayer et ne pas perdre ni courage, ni espoir quand on se bat pour une cause juste. Mes très vives félicitations à cette mère. J’espère que son combat fera jurisprudence …