Qui est encore l’ami de qui au lendemain du Mondial?
PAR CHRISTIAN CAMPICHE
A l’heure de nouvelles tensions géopolitiques, quelles alliances résisteront à l’épreuve des réorientations stratégiques?
En pestant contre la Banque centrale allemande, le gouvernement italien a donné le ton de la cacophonie ambiante. Le premier ministre n’a pas supporté que Francfort critique sa manière de gérer la dette. Mêlez-vous de ce qui vous regarde! La veille encore, les médias dressaient pourtant un cadre bucolique des relations entre Matteo Renzi et Angela Merkel.
Madame Merkel, parlons-en justement. La chancelière allemande est tout feu tout flamme pour encourager l’accord du millénaire, celui que les Etats-Unis et l’Union Européenne concoctent pour 2015. L’industrie automobile attendrait beaucoup de ce Traité de libre-échange transatlantique, le TTIP si vous préférez. Mais voilà que les relations entre Berlin et Washington subissent un brutal coup de froid avec l’affaire des grandes oreilles de la NSA et l’expulsion d’un agent américain en poste dans la capitale allemande.
Le TTIP pourrait-il voler en éclats? Un échec réjouirait à coup sûr les organisations citoyennes qu’horripile la perspective de voir des multinationales passer au-dessus des tribunaux. Qui punira un fabricant d’OGM un peu trop entreprenant? Dans la désinhibition, la mondialisation n’avait encore jamais fait un tel coming out.
On peut imaginer que Mme Merkel continuera à être le fer de lance du TTIP, même si d’autres modèles existent désormais. Le 1er juillet dernier est entré en vigueur l’accord de libre-échange entre la Chine, deuxième puissance économique mondiale, et la Suisse. Une première en guise d’avertissement dont pourraient s’inspirer d’autres pays européens désireux de signifier leur mauvaise humeur à Washington.
Chronique parue dans GHI du 16 juillet 2014.